Irlande : l'IVG un peu moins interdite

Une loi a été votée ce vendredi 12 juillet à 127 voix contre 31 députés en Irlande. La nouvelle législation autorise l'avortement si la poursuite de la grossesse fait courir à la vie de la mère, un risque réel et substantiel qui doit être certifié par les médecins. En cas de risque de suicide de la mère, l'avis unanime d'un obstétricien et de deux psychiatres est requis.

Le Premier ministre, Enda Kenny, (Fine Gael, centre) avait imposé un vote favorable à ses partisans sous peine d'exclusion du groupe parlementaire. Le chef du gouvernement a révélé avoir reçu des lettres écrites avec du sang et s'être fait traiter de meurtrier par des opposants à la loi.

En Irlande, pays a forte tradition catholique, les modifications adoptées ce jour ont suscité des résistances de la part de certains parlementaires. Ils redoutent qu'elle n'ouvre la voie à la multiplication des avortements…

En revanche, les députés de gauche jugent la loi encore bien trop restrictive et souhaitent qu’elle puisse être élargie dans les cas de viol et d'inceste ou de fœtus anormal, rappelant que chaque année des milliers d'Irlandaises sont contraintes d'avorter à l'étranger. En 2012, 3 982 femmes, dont 124 mineures, ont fait le

voyage vers l'Angleterre ou le Pays de Galles pour subir un avortement.

En 1992, la Cour suprême irlandaise avait jugé qu'une femme avait le droit d'avorter si sa vie était en danger aucune transposition législative n'avait suivi… 20 ans auront été nécessaire pour qu'un gouvernement produise un texte destiné à faire évoluer la loi de 1861.

La modification de la loi intervient également après une décision de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) de décembre 2010, condamnant l'Irlande pour avoir interdit l'avortement à une femme en phase de rémission d'un cancer qui craignait que sa grossesse n'entraîne une récidive.

D'autre part, le débat sur l'IVG avait été relancé en octobre 2012 par la mort d'une jeune femme d'origine indienne. Savita Halappanavar, dentiste de 31 ans, était décédée d'une septicémie à l'hôpital de Galway, une semaine après son admission pour une fausse couche à 17 semaines de grossesse. Les médecins avaient décidés d'attendre que le cœur du fœtus s'arrêtent de battre spontanément. Tant que le cœur bat, nous ne pouvons rien faire, répétaient-ils… Trois jours de calvaire et pour la mère… il était trop tard ! En guise d’excuses, un porte-parole de l’hôpital a présenté ses condoléances au mari, a rapporté The Independent.

Deux enquêtes avaient été ouvertes : l’une menée par les services de santé irlandais, l’autre en interne par l’hôpital. De nombreuses manifestations d'indignation avaient alors dénoncé cette absurdité. Tant que la loi de 1861 interdisant l’IVG n’est pas remise en cause et que les politiques refusent d’aborder le problème, les femmes enceintes resteront en danger dans ce pays avaient fustigé les associations irlandaises de défense de l'avortement.