jusqu'au 28 janvier exposition : Barbara à la Philarmonie de Paris

Avec Barbara, la Philharmonie de Paris accueille jusqu’au 28 janvier 2018, sa première exposition sur une artiste femme.

De Monique Serf à la consécration de la chanteuse, c’est une invitation à (re)découvrir le parcours d’une femme libre devenue une légende. Artiste aux multiples talents, elle écrit, compose et interprète sans jamais se trahir ni se répéter… 

Figure d’exception, Barbara a été la muse des années cabarets de la rive gauche, pour devenir la découverte de Bobino avant de chanter sur les plus grandes scènes parisiennes. Ses concerts étaient vécus comme des moments de recueillement extraordinaires. Le public, debout, ne quittait la salle qu’après de longs adieux.

Archives vidéo rares ou inédites, issues de l’INA,textes ébauchés, recommencés, retouchés, réécrits, lettres intimes et documents personnels aident à comprendre comment Barbara a réussi à faire de sa vie des chansons intemporelles.

Clichés emblématiques ou secrets, Barbara a aussi beaucoup été magnifiquement photographiée : : Just Jaeckin, Marcel Imsand, Jean-Pierre Leloir, Tony Frank, Jo Cayet, Georges Dudognon… sont parmi ceux qui ont su gagner sa confiance et l’ont immortalisée. Ses costumes de scène témoignent de la façon dont la chanteuse a façonné son image. Journaux et programmes révèlent le contexte de l’époque et le regard porté sur Barbara qui, pourtant sut conserver son mystère.

La commissaire Clémentine Deroudille a précédemment assuré l’exposition Brassens ou la liberté à la Cité de la musique. Passionnée d’archives sonores, elle a rétracé plusieurs parcours d’artistes. Elle est la réalisatrice du documentaire Robert Doisneau, le révolté du merveilleux, diffusé sur Arte en 2016. Son… grand-père ! La mise en scène de l’univers poétique de Barbara a été confiée à Antoine Fontaine et Christian Marti, également collaborateurs à l’œuvre, sur l’exposition Brassens ou la liberté.

20 ans après sa disparition, Barbara, artiste inégalée

Barbara est la seule artiste à être passée du rôle d’interprète d’autres auteurs ou compositeurs à celui d’auteure-compositrice-interprète.

Il ne faut jamais revenir Au temps caché des souvenirs Du temps béni de son enfance

Monique Serf est née le 9 juin 1930 à Paris, 17e. Petite fille juive et pauvre, marquée par la guerre et le drame intime d’une enfance volée qui est révélé ans son autobiographie Il était un piano noir, parue peu après sa mort. Le livre raconte aussi l’affirmation précoce du désir de jouer du piano et de chanter avec la découverte d’Édith Piaf.

Dans la lignée d’Yvette Guilbert, Damia, Marie Dubas et Marianne Oswald  Barbara a commencé sa carrière par des tours de chant à Bruxelles, où elle s’enfuie à 20 ans sur un coup de tête, puis à l’Écluse, un cabaret parisien, minuscule salle de 70 places. L’Écluse est la première maison que j’ai trouvée. Là il y avait vraiment un cœur qui battait. Une famille qui m’a accueillie. C’est là que j’ai commencé à respirer, que tout s’est déclenché… C’est là que Barbara devient la Chanteuse de Minuit. Je n’avais plus peur de rien J’aurais traversé les murs, animée par mon désir obsessionnel, par ma certitude de chanter un jour.

Grâce à ses premiers succès, Barbara quitte les cabarets pour se produire à Bobino. Elle cesse d’interpréter les chansons de Brel, Brassens… pour composer ses Petits Zinzins : Mes chansons elles naissent avec la vie… uniquement des choses que j’ai vécues… Les mots simples des confidences chantées… fascinent ceux qui écoutent.

Touche pas mon piano Touche pas mes remparts, Touche pas mes lunettes Touche pas mon regard

Les années 1960 sont marquées par des tournées à travers la France où Barbara vit sur la route, avec quelques intimes, et passe de 300 jours/an sur scène. Avec Serge Gainsbourg, Serge Reggiani et Georges Moustaki, elle se produit en Italie, en Israël et au Liban … Avant chaque concert, Barbara arpente la salle pour superviser les moindres détails du spectacle, puis s’enferme dans sa loge jusqu’au moment d’entrer en scène.

Qu’on ne m’ordonne pas, je suis reine en mon île
Je suis femme en mon lit,
je suis folle en vos villes
Et j’ai choisi mes hommes,
j’ai bâti mes empires
Au diable la raison et vivent mes délires 

A l’Olympia 1969, à la surprise générale, Barbara annonce l’arrêt de ses tours de chant. Guidée par ses intuitions et ses amitiés, elle s’essaie au théâtre et au cinéma… Avec L’Aigle noir, c’est la consécration, Barbara fait la Une des magazines. Pourtant, à mesure que sa popularité grandit, l’artiste se fait plus discrète, se retire dans sa maison de Précy-sur-Marne, son refuge, son espace de liberté et de création où elle imagine ses spectacles et compose jusqu’à la fin de sa vie.

Pantin espoir, Pantin Bonheur, Oh, qu’est-ce que vous m’avez fait là ?
Pantin qui rit, Pantin, j’en pleure, Pantin, on recommencera ! 

Après des années de silence, les concerts de Pantin en 1981, sous le chapiteau de 2 000 places, font basculer Barbara dans la légende. La voix a changé mais la communion avec le public est plus forte que jamais. Barbara imagine une comédie musicale avec Gérard Depardieu, Lily Passion, sur laquelle elle travaille pendant 5 ans. Châtelet en 1987 et 1993, Mogador en 1990, ses concerts deviennent mythiques. De façon très confidentielle, Barbara s’investit contre le sida, visite et chante en prison. Femme engagée, elle soutient la campagne François Mitterrand en 1988, avec Jacques Higelin.

Elle enregistre son dernier disque en 1996, avant de s’éteindre le 23 novembre 1997.