Stylos rouges : plus de 55 000 enseignants en colère

Les professeurs aussi sont en colère !

Contre le gouvernement et plus précisément envers Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale.

Ils s’estiment les oubliés de la crise sociale actuelle et depuis le 12 décembre, ils expriment leur mécontentement en dehors de leurs syndicats. Contrairement aux fédérations professionnelles, les réseaux sociaux favorisent les discussions en direct mais ils réunissent également salariés du privé comme du public, les professeurs des écoles et collèges ainsi que les conseillers principaux d'éducation.

Le collectif s’appelle les stylos rouges, un groupe Facebook de plus de 55 000 membres…  Les fondateurs ont été inspirés par le mouvement #pasdevagues, où de milliers d'enseignants avait fait part de leur désarroi face à la violence scolaire ordinaire.

Les stylos rouges font couler beaucoup d'encre

Les enseignants réclament une revalorisation de leur métier, une baisse des effectifs par classe, une augmentation de salaire et de meilleures conditions de travail. Ils demandent un climat de respect à l'école grâce à une reconnaissance de l'autorité de l'enseignant.

La bienveillance de l'État envers nos élèves, signifie concrètement de limiter les effectifs à 24 par classe dans tous les établissements ainsi que d’arrêter les suppressions de postes. Ils refusent également la mise en œuvre de la réforme du lycée, demandent le retrait du jour de carence et une retraite basée à 75 % sur l'exercice des 6 derniers mois.

Les fins de mois difficiles évoquées par de nombreux collègues nous ont motivés, résume un professeur d'histoire-géographie, citant de nombreuses témoignages de mères célibataires expliquent ne pouvoir mettre un euro de côté…

Des revendications classiques et assez proches de celles des syndicats majoritaires : une revalorisation salariale à hauteur du temps de travail réel… Le point d'indice est bloqué depuis 2010, rappelle un directeur d'école de 33 ans, dans l'académie d'Aix-Marseille.

Nous ne souhaitons pas remplacer ni écarter les syndicats. Nous respectons leur travail. Nous avons tous voté aux dernières élections professionnelles, affirme–t-il. Nous pensons qu'il est important de créer un mouvement parallèle pour les aider à avancer, conclut-il.

En effet, les enseignants ne sont les personnels les plus éloignés de l'action syndicale : 42 % des professeurs participent aux élections professionnelles et 24 % sont encartés contre 11 % seulement de l’ensemble des salariés français…

Mais les syndicats d’enseignants souffrent comme les autres… Les dernières mobilisations de cet automne ont un peu mobilisé mais n'ont pas été entendues par le pouvoir… On se sent pris au piège, et les collègues ne croient plus aux grèves et aux manifestations pour faire entendre leur mécontentement, regrette un professeur des écoles en Seine-Saint-Denis.

Après avoir revendiqué ainsi sur le web, les enseignants entendent désormais passer à l’action sur le terrain. Avec des rassemblements notamment le samedi 12 janvier mais aussi lors de la correction des évaluations… Dans l’académie de Lille par exemple, les Stylos rouges envisagent de ne mettre que des 20/20. Ils entendent ainsi faire comprendre qu’ils n’ont pas les moyens, comme l’exige leur mission, d’assurer réellement la réussite de leurs élèves…