Guinée : mariage d’une fille de 13 ans avec un homme de plus de 23 ans
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- Catégorie : Actualité internationale
- Publié le Lundi, 11 Mars 2019 10:31
Le 28 février dernier, un mariage religieux entre et Fatoumata D., 13 ans et Mamadou Samba Barry, âgé de… 23 à 33 ans.
La cérémonie a eu lieu en public à la mosquée du village de Dara-Labé, en Guinée.
Le marié a annoncé leur union sur sa page Facebook. Et les images n’ont pas tardé à circuler sur les réseaux sociaux.
Si les membres de sa famille et des amis l’ont félicité, la majorité des internautes s’est indignée jugeant ainsi cette célébration immorale et soulignant son caractère illégal.
En Guinée, le mariage des moins de 18 ans est interdit par la loi. De plus, le code pénal prévoit une peine d’emprisonnement de 2 à 5 ans pour quiconque aura tenté ou accompli l'acte sexuel sur un enfant au-dessous de 13 ans, y compris lorsqu'il s'agit de la consommation d'un mariage célébré selon la coutume. Pourtant, selon les données du ministère des Affaires sociales, 54,6 % des filles sont mariées avant 17 ans, dont 22,8% avant l’âge de 15 ans…
La pratique est fréquente notamment à l’intérieur du pays. Beaucoup de familles estiment qu’une fille doit se marier dès la puberté. En prévention des grossesses hors mariage, estiment-elles. Seuls les mariages en mairie sont reconnus par l’État, ce qui n’empêche les unions, traditionnelles ou religieuses… non-officielles.
Enquête en cours
Avec une équipe de volontaires, nous avons alerté les autorités pour qu’une enquête soit lancée et que responsables et complices soient arrêtés, a informé Hadja Idrissa Bah, 19 ans, présidente du Club des jeunes filles leaders de Guinée. Selon elle, ce cas est loin d’être exceptionnel… L’association combat les mariages précoces et forcés mais aussi l’excision et l’ensemble des violences envers les femmes.
Dans la nuit du 4 au 5 mars, Mamadou Samba Barry a réagi en indiquant que le mariage avait été annulé. Contactées par les Observateurs de France 24, les autorités n’ont pas été en mesure de confirmer ses dires mais le préfet Elhadj Harouna Souaré a reconnu les éléments factuels. L’époux a été arrêté par la police ce 5 mars.
Les parents des mariés et les religieux qui ont célébré le mariage ont été interrogés. Il n’y a pas eu de mariage civil. Toutes les institutions compétentes sont mobilisées : l’OPROGEM (l’Office de protection du genre, de l'enfance et des mœurs), la police, la justice et le comité préfectoral de la protection de l’enfance. La jeune fille a été hébergée par la directrice de l’action sociale pour la femme et les enfants.
Pour vérifier que l’adolescente n’a pas subi de viol, des examens ont été effectués à l’hôpital. Elle a rapporté que les parents du garçon étaient très vieux. Et ils désiraient voir leur fils cadet se marier avant de mourir. La mariée a assuré ne pas avoir été forcée et estime ce mariage comme quelque chose de normal…
Nous espérons qu’elle pourra réintégrer sa famille et poursuivre sa scolarité a déclaré Hadja Idrissa Bah. Nous avons bon espoir… Puisque ce n’est pas elle qui a dénoncé les faits, a priori elle ne sera pas considérée comme fautive, a-t-elle ajouté…
En effet, dans des situations semblables, certaines familles conservatrices rejettent souvent leurs filles, jugées impures.
Le mariage précoce et/ou forcé est dénoncé par de nombreux États et organisations, internationales et locales.
Etre mariée trop tôt signifie être déscolarisée à la première grossesse… Ensuite, elles doivent rester à la maison pour s’occuper des tâches ménagères et des enfants. Quand les filles abandonnent l’école trop tôt, elles ne sont pas indépendantes financièrement. Chez les mères de moins de 20 ans, les risques pour la santé sont également très importants : fistules, mortalité maternelle et infantile…
Les conséquences retentissent sur la société entière qui se prive ainsi du potentiel de la moitié de la population.
D’après l’article de @liselottemas sur France 24.