Turquie : Erdogan réélu, malgré…Tout !

Dès le premier tour, Recep Tayyip Erdogan a remporté les élections présidentielles de ce dimanche 24 juin en Turquie. Le président sortant obtient ainsi un nouveau mandat de 5 ans.

D'après les résultats portant sur 97,7 % des voix enregistrées, il a totalisé la majorité absolue des voix valides : 52,5 %, a indiqué Sadi Güven, chef du Haut comité électoral.

Le vainqueur de cette élection, c'est la démocratie, la volonté nationale. Le vainqueur de cette élection, c'est chacun des 81 millions de nos concitoyens, clamé Erdogan, savourant sa victoire en s'adressant à des milliers de partisans réunis à Ankara devant le siège de l’AKP dans la nuit de dimanche à lundi.

Selon l'agence officielle Anadolu Erdogan devrait aussi s'assurer une majorité parlementaire : l'AKP, son parti au pouvoir depuis 2003, et le MHP, son allié ultranationaliste représentent 53,6 % des suffrages exprimés.

Le social-démocrate Muharrem Ince, son principal concurrent de Recep Tayyip Erdogan a obtenu 30,7 % des voix au scrutin présidentiel. L'alliance de plusieurs partis d'opposition rassemble 34 % des suffrages législatifs.

Accusé d'activités terroristes, Selahattin Demirtas candidat du parti HDP prokurde, a été contraint de faire campagne depuis une cellule où il en détention préventive depuis 2016. Il a obtenu près de 8 % des voix aux présidentielles. Selon la commission électorale le HDP a franchi le seuil de 10 %, lui permettant ainsi de siéger au Parlement.

En 15 ans, Recep Tayyip Erdogan, le Reis de 64 ans aujourd'hui, s'est imposé comme le dirigeant le plus puissant depuis Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République turque.

Il a transformé le pays par la construction de nombreuses infrastructures et fait d'Ankara un acteur diplomatique international mais ses détracteurs l’accusent de dérive autocratique depuis la tentative de putsch de juillet 2016, suivie de purges massives notamment envers militants politiques et journalistes, suscitant l'inquiétude en Europe…

Avec l’entrée en vigueur d’un régime présidentiel encore renforcé, issu du résultat d’un référendum parlementaire voté en 2017 et présenté comme nécessaire assurer la stabilité de la Turquie, le chef de l’Etat concentre désormais la totalité de l’exécutif puisque cette réforme supprime notamment la fonction de Premier ministre et permet au président de gouverner par décrets.

La campagne a été marquée par une couverture médiatique très nettement en faveur du président turc, dont chaque discours a été intégralement retransmis par les télévisions.

Considérant ces élections comme la dernière chance d'arrêter Recep Tayyip Erdogan vers un monopole du pouvoir, des partis aussi différents que le CHP, Iyi (nationaliste) et le Saadet (islamiste) ont noué une alliance inédite pour les législatives, avec l'appui du HDP (prokurde).

Les craintes de fraudes pendant le vote étant vives. Les opposants avaient mobilisé de nombreux d'observateurs et ils ont dénoncé des irrégularités, notamment dans la province de Sanliurfa.

La victoire d'Erdogan, malgré une opposition unie, est incontestablement le signe de sa grande popularité auprès de l'électorat, en particulier les conservateur des régions rurales d'Anatolie, analyse Jana Jabbour, docteure associée au Ceri/Sciences Po, spécialiste de la Turquie pour France 24.