Arabie Saoudite : la croisade anticorruption du prince Mohamed Salmane

11 princes et des dizaines de ministres, ont été arrêtés ce 4 novembre dans le cadre de la lutte anti-corruption en Arabie Saoudite.

Parmi eux figurerait le très influent prince milliardaire Al-Walid ben Talal, qui détient à 95 % de la Kingdom Holding Company,

Si sa détention se confirme, elle constituera une onde de choc sur le plan intérieur et dans le monde des affaires internationales. Les chefs de la Garde nationale saoudienne, une force d'élite intérieure, et de la Marine ont également été limogés…

L'étendue et l'ampleur de ces arrestations semblent être sans précédent et cela, quelques heures seulement après la création, d'une commission anti-corruption dirigée par Mohammed ben Salman, le prince héritier. SPA, agence de presse officielle saoudienne, a indiqué que le but était de préserver l'argent public, punir les personnes corrompues et ceux qui profitent de leur position… La lutte contre la corruption est aussi importante que le combat contre le terrorisme, a renchérit aussitôt le conseil des religieux sur Twitter.

Selon Al-Arabiya, à capitaux saoudiens, il s’agit des conséquences d’une enquête sur les inondations qui ont dévasté la ville portuaire de Jeddah, en 2009, à la suite de pluies torrentielles, faisant une centaine de morts.

Une source aéroportuaire a indiqué à l'AFP que les forces de sécurité avaient cloué au sol des avions privés à Jeddah, pour empêcher certaines personnalités de quitter le territoire.

Pour rompre avec l'image d'un pays considéré comme l'exportateur du wahhabisme, une version rigoriste de l'islam qui a nourri nombre de djihadistes à travers le monde, Mohamed ben Salame avait promis, fin octobre, une Arabie modérée.

Nous n'allons pas passer 30 ans de plus à nous accommoder d'idées extrémistes…Nous allons les détruire maintenant, avait-il assuré sous les applaudissements des participants au Davos dans le désert, un forum économique qui avait attiré 2 500 décideurs du monde entier.

Contrôlant déjà les principaux leviers du gouvernement, de la défense à l'économie, ;e jeune prince de 32 ans a lancé plusieurs réformes, notamment le droit de conduire pour les femmes et ouvertures de cinémas qui constituent un grand bouleversement dans l'histoire du royaume, visant une marginalisation des préceptes religieux ultra conservateurs.

Avant le transfert formel du pouvoir par son père, le roi Salmane, âgé de 81 ans, MBS est en train de préparer son règne et essaie de nettoyer au mieux le royaume, analyse Clarence Rodriguez, un spécialiste interwiewé par France 24. Aujourd'hui ce sont des princes et des ministres mais des intellectuels et des religieux ont été jetés en prison, il y a quelques semaines, fait toutefois remarquer Clarence Rodriguez qui estime que Mohamed ben Salame cherche à étouffer les contestations internes afin de diviser pour mieux régner… C’est une grande mutation pour le pays mais qui va très (trop ?) vite, pour la population également. Cela va indéniablement créer des tensions … conclut le spécialiste.