Législatives au Royaume-Uni : Theresa May a perdu son pari

A l’issue des législatives britanniques anticipées de ce 8 juin, les conservateurs ont perdu leur majorité absolue. Ils restent en tête mais avec 15 sièges de… moins.

Theresa May a donc perdu son pari de conforter sa majorité au Parlement britannique avant les négociations sur le Brexit, un échec personnel pour la Première ministre.En revanche, les travaillistes de Jeremy Corbin gagneraient 30 sièges, un total de 262 selon une projection réalisée par la BBC qui attribue au Parti conservateur 318 sièges sur 650 à la Chambre des communes, 8 de moins que la majorité absolue contre 330 dans l'assemblée sortante.

Sous le choc de la surprise, la livre sterling a décroché de 1,7 % sur les marchés financiers, après la publication de ces estimations. Ce résultat compromet la capacité des conservateurs à former un gouvernement stable…

De plus, après cette magistrale contre-performance, Theresa May est appelée, notamment par Jeremy Corbyn, à démissionner : Elle a perdu des sièges, … des voix, … le soutien et la confiance. C'est assez pour qu'elle parte et laisse la place à un gouvernement vraiment représentatif, a-t-il déclaré.

Pour George Osborne, ex-ministre des Finances de David Cameron, le hard Brexit est à la poubelle et May aura été «un des plus brefs premier ministre de l'histoire britannique. De même, Anna Soubry, ex-ministre des Tories, a estimé que Theresa May devait réfléchir à son avenir après une campagne horrible.

Tandis que le leader du Labour, très à gauche, a estimé que sa propre campagne électorale avait changé la politique, pour le meilleur. Pour le parti travailliste, 20 points derrière les conservateurs, il y a seulement 7 semaines, c'est une performance remarquable !

Jeremy Corbin a  d’ailleurs été largement réélu dans sa circonscription du nord de Londres. Il sera en mesure de se maintenir à son poste de chef de l'opposition mais aussi de s'imposer alors que de nombreux élus de son camp sont contre lui.

Quels que soient les résultats le parti conservateur assurera la stabilité dont le pays a besoin, s'est contenté de rétorquer Theresa May, également réélue, dans sa circonscription de l'ouest du pays.

Autres gagnants du scrutin, les centristes du Parti libéral-démocrate obtiendraient 4 sièges supplémentaires (soit un total de 13). À l'inverse, après son succès au référendum sur le Brexit, Ukip (United Kingdom Independence Party), pari europhobe, n’aurait plus aucun député…

Enfin, les estimations montraient un recul sensible et imprévu de l'hégémonie du Parti nationaliste écossais (SNP) qui ne détiendrait plus que 35 sièges sur les 59 circonscriptions écossaises, contre 54 auparavant.  Si ce résultat est confirmé, il signeait un désaveu cinglant pour Nicola Sturgeon et son projet de nouveau référendum sur l'indépendance. L'ex-leader du parti, Alex Salmond a été battu ainsi qu’Angus Robertson numéro deux actuel.

Une coalition entre le Labour, les libéraux-démocrates et les nationalistes écossais est peu probable. Même sans majorité, les conservateurs vont tenter de former un gouvernement Le parti avec le plus de sièges en a automatiquement le droit à condition de le soumettre à la confiance de la Chambre des communes, a expliqué un professeur de sciences politiques à la London School of Economics (LSE). Ils devraient pouvoir s’appuyer sur le soutien d’environ 10 sièges des députés unionistes irlandais,

Mais l’échec personnel de Theresa May risque de signifier la fin de ses jours au 10, Downing Street. Elle devrait régler les affaires courantes jusqu'à ce que les conservateurs s’accordent sur une alternative.