Burundi : 5 attaques à la grenade, 1 enfant tué une trentaine de blessés.

Au moins 5 grenades ont explosé ce lundi15 février 2016 à Bujumbura, la capitale burundaise.

Selon la police, un enfant de 10 ans a été tué au marché de Siyoni, dans le quartier de Ngagara, au nord de la ville, et une trentaine personnes ont été blessées. 

La crise politique au Burundi dure depuis fin avril 2015 lorsque Pierre Nkurunziza a annoncé sa candidature à un troisième mandat présidentiel contre la constitution. Sa réélection en juillet 2015 n’a quasiment pas cessé d’entrainé des affrontements entre ses partisans et adversaires. Il y a eu plus de 400 morts et au moins 230 000 personnes ont été contraintes de quitter le Burundi, notamment de nombreux opposants, militants associatifs et journalistes… selon l'ONU. Les autorités burundaises ont déjoué un coup d'État militaire en mai et ont brutalement réprimé 6 semaines de manifestations à Bujumbura.

 Malgré cela, elles sont incapables d’enrayer la contestation, désormais armée, et d’empêcher l'organisation de mouvements rebelles déterminés à chasser le président Nkurunziza.

altUn mois de janvier relativement calme a succédé aux violences de décembre puis, début février, les attaques à la grenade sont devenues quasi-quotidiennes. Mais elles ne sont jamais revendiquées : le pouvoir et l'opposition s’en rejettent mutuellement la responsabilité…

Lors des attaques de ce lundi 15 février, 3 grenades ont été lancées par des hommes à moto. Les projectiles ont explosé au centre de Bujumbura, dans les quartiers de Rohero et Buyenzi. J'ai déjà entendu 3 explosions de grenades et ici, près du rond-point central de Rohero, il y a eu plusieurs blessés, 5 hommes et une femme, a rapporté un habitant de Bujumbura. Les 2 autres grenades ont été tirées à Ngagara. On ne sait pas ce qui se passe mais c'est clair, on veut nous terroriser, a déclaré un autre témoin.

Cela fait 2 mois que l'UE évoque la possibilité de suspendre son aide économique au Burundi.  Le soutien européen représente plus de 20 % du budget de l'Etat burundais. La suspension de l’aide a été proposée, indique la Haute représentante de la politique extérieure de l'UE, Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne. La position est sur la table du Conseil. Ce n’était pas la décision d’aujourd’hui, c’est pour ça que vous ne la trouvez pas dans le texte des conclusions. Cela va être reconsidéré ces prochaines semaines.  Pour l'instant, l'Union européenne répète qu'elle prendra les mesures appropriées face au manque de signaux positifs de la part du gouvernement burundais.

Avec une aide globale de quelque 430 millions d'euros pour la période 2015-2020, l'UE est le premier donateur du Burundi. Bruxelles précise que la fragilité économique du Burundi risque d'aggraver le problème. Pas question d'abandonner les habitants et de suspendre l'aide humanitaire mais plutôt d’en modifier les destinataires : privilégier l'aide directe à la population sans passer par le gouvernement.

En attendant, l'Union européenne réclame de nouveau un dialogue politique interburundais, sans condition préalable et sous médiation internationale. Le gouvernement du Burundi doit prendre pleinement conscience que la patience de l'UE a des limites, a fait savoir Bruxelles et précisant que l'Union européenne dénonce à la fois les attaques de groupes rebelles et la répression gouvernementale. Les sanctions personnelles pourraient s’étendre aux gel des avoirs et à interdiction de visas qui touchent actuellement 4 proches de Pierre Nkurunziza.