Burkina Faso : emeutes anti Compraoré à Ouagadougou. L'armée au pouvoir ?

Les manifestations contre Blaise Compraoré, au pouvoir depuis 27 ans ont dégénéré ce jeudi en extrêmes violences dans les rues de Ouagadougou où des milliers de personnes appelaient à la démission du président.

Assemblée nationale incendiée, télévision publique prise d'assaut, ainsi que des rassemblements comparables en province ont entraîné l'intervention des militaires. En soirée, l'armée disait avoir pris le contrôle du Burkina Faso. Dans un communiqué lu par un officier, Nabéré Honoré Traoré, chef d'état-major des armées, annonçait la création d'un organe de transition chargé des pouvoirs exécutifs et législatifs, dont l'objectif est un retour à l'ordre constitutionnel dans un délai de douze mois.

Le président Blaise Compaoré a levé jeudi soir l'état de siège qu'il avait décrété dans l'après-midi. Il a promis une transition mais refuse de démissionner.

Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1987, il escomptait modifier la constitution du pays pour se maintenir aux affaires près deux septennats (1992-2005) puis deux quinquennats (2005-2015). Au cours d'une allocution télévisée, il a déclaré avoir compris le message de la population et pris la juste mesure des fortes aspirations au changement.

Bénéwendé Sankara, un des principaux responsables de l'opposition et qui a été le premier à qualifier la prise de pouvoir de l'armée jeudi soir de coup d'Etat, a vivement réagi : pendant 27 ans, Blaise Compaoré a roulé tout le monde dans la farine. Là, il est encore en train de duper, de ruser avec le peuple, a-t-il fustigé. Pour lui, le départ du président est un préalable non négociable !

Un couvre-feu est imposé sur l'ensemble du pays de 19h à 6h. Il est plus ou moins respecté à Ouagadougou : l’AFP sur place a constaté que des tirs ont résonné aux abords de la présidence dans la nuit de jeudi à vendredi et confirmé la mort de 4 personnes et 6 blessés graves au cours de émeutes de la veille dans la capitale. Pour sa part l’opposition, estime qu’une trentaine de personnes seraient mortes et plus de 100 blessés.

Dans un rassemblement, des dizaines de milliers de manifestants ont réclamé Kouamé Lougué, ancien ministre de la Défense jusqu'à son limogeage en 2004. L'ancien militaire, qui a rencontré les plus hauts gradés du pays, s'est aussi entretenu avec une autorité coutumière très respectée dans le pays le Mogho Naba, roi des Mossi, ethnie majoritaire au Burkina Faso. La prise du pouvoir par Nabéré Honoré Traoré, actuel chef d'état-major des armées, qualifié de pion du pouvoir est donc assez mal acceptée.

Nous nous réveillons aujourd'hui avec une situation de confusion totale, a estimé Ablassé Ouédraogo, député de l’opposition, interviewé sur RFI.

Zéphyirin Diabré, chef de file de la contestation, a, ce vendredi, appelé le peuple à maintenir la pression pour obtenir le départ sans condition du président Blaise Compaoré. Des centaines de manifestants se sont de nouveau rassemblés…