Lévothyrox : AFMT dénonce des anomalies dans la composition

L’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) a communiqué ce 14 juin les résultats d’une analyse sur la dernière version du Levothyrox, commandée à un laboratoire étranger.

Ils mettent en lumière plusieurs anomalies : le sous-dosage d'une molécule, entraînant des réveils de cancers endormis ainsi que la présence d'une autre molécule interdite aux Etats-Unis et qui ne figure pas sur la liste des composants du médicament.

Depuis la commercialisation de la nouvelle formule, lancée le laboratoire Merck en février 2017 et validée par l'ANSM, de nombreux patients souffrent d’effets secondaires invalidants tels que nausées, troubles digestifs, crampes, maux de tête, vertiges et perte de cheveux… Selon le ministère de la Santé, près de 500 000 patients se sont détournés de ce traitement depuis.

Un produit moins dosé en en hormones thyroïdiennes (lévothyroxine) serait à l’origine de ces malaises et autres conséquences néfastes : des patients atteints de cancer subissent le réveil de tumeurs endormies, insiste l'association.

De surcroît, l’analyse révèle la présence de dextrothyroxine… sans qu’elle soit indiquée dans liste des composants ! Et pour cause : cette substance de synthèse n’est pas commercialisée en France. Et, en raison d'effets secondaires similaires à ceux décrits aujourd'hui par les malades, elle a été retirée de la vente aux Etats-Unis…

Ces conclusions ont été transmises à la juge d'instruction du pôle santé de Marseille chargée du dossier.

Une enquête a été ouverte pour tromperie aggravée, blessures involontaires et mise en danger d'autrui.

Mais la sécurité sanitaire ne permet pas d'attendre l'issue de l'instruction pénale pour agir, estime l'AFMT, qui demande que l'Agence nationale de santé du médicament (ANSM) mandate des laboratoires indépendants pour mener une étude comparative sur un nombre significatifs d’échantillons de l’ancienne et de la nouvelle formule.

À ce stade, nous ne prétendons pas disposer d'une preuve indiscutable mais il s’agit incontestablement d'un fait nouveau important, souligne l'association.

Si ces résultats étaient confirmés, ils pourraient constituer une explication rationnelle à la crise du Levothyrox, d'origine toujours inconnue, explique l'Association française des malades de la thyroïde qui a eu des difficultés à trouver un laboratoire en France pour conduire ces analyses.

Les réactions

Une étude épidémiologique est en cours la justice fait son travail, a simplement déclaré l'ANSM qui ne souhaite pas commenter une étude qu’elle n’a pas vue…

La substance active utilisée pour Levothyrox nouvelle formule est strictement identique à celle de l’ancienne (forme Levogyre dite L-T4 forme moléculaire). assure Valérie Leto, pharmacien responsable, auteure du communiqué de Merck qui affirme que les allégations de l'AFMT sont infondées scientifiquement. Nous démentons de façon formelle la présence de dextrogyre dans les comprimés de Levothyrox, qu’il s’agisse de l’ancienne ou de la nouvelle formule, insiste-t-elle. Le laboratoire rappelle que de nombreuses analyses ont déjà été réalisées par des autorités compétentes sans identifier aucun manquement à la conformité du produit.

Aucun détail n’est donné quant aux méthodes utilisées et aux conditions dans lesquelles celle-ci a été, argue encore le communiqué communiqué, qui souligne l'absence de présentation exhaustive des résultats et le manque d'information sur le laboratoire sollicité.