Toujours plus d’antibiotiques va bientôt nous tuer !
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- Catégorie : Santé
- Publié le Mardi, 22 Novembre 2016 18:34
La découverte de la pénicilline** a sauvé l’humanité de bien des catastrophes mais son usage extensif voire excessif la met désormais en péril : Impossible d’oublier les campagnes les antibiotiques, ce n'est pas automatique… Après des années de matraquage, entre 1/3 et la moitié de ces médicaments sont toujours prescrits inutilement car inadaptés aux pathologies diagnostiquées.
Le ministère de la Santé veut donc réduire cette consommation de 25% d'ici à 2018. Les Français en consomment toujours beaucoup trop, déplore Marisol Touraine…
Ah ben oui, ça c’est bien vrai Madame la ministre ! Parfois, un parent doit aller travailler et demande des antibiotiques pour son enfant malade qu'il ne peut pas garder, par exemple…
Hélas, ce genre d’abus, (déplorable, certes !) ne saurait expliquer, à lui seul, l’ampleur du phénomène qui vous indigne autant. Chaque année, 160 000 personnes contractent une infection par un germe multi-résistant et près de 13 000 patients en meurent, s'est encore alarmée, Marisol Touraine. Vous avez tout à fait raison, Madame la ministre. Une trop grande utilisation d'antibiotiques accroît la résistance de nombreuses bactéries dans la nature. Celles-ci mutent et rendent les traitements inopérants. Ce constat fait l’unanimité.
D’ailleurs, l'OMS estime que si rien ne change, la résistance aux antibiotiques risque de devenir plus meurtrière que le cancer d'ici à 2050… Jusqu'à 10 millions de morts par an dans le monde !
Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, a cité la progression d'une forme de tuberculose enregistrée dans 105 pays et une épidémie de typhoïde résistante aux traitement en Afrique, qui résistent aux antibiotiques. Mais le secrétaire général de l’ONU a rappelé que la transmission des infections résistantes aux superbactéries depuis les animaux d'élevage à la viande et aux humains qui la consomment a été largement documentée, de même que la propagation des résidus des antibiotiques par les ressources en eau…
Car c'est en médecine vétérinaire que l’utilisation d'antibiotiques est la plus forte*, voire même obligatoire, au nom de la sécurité alimentaire (?!) C’est pourquoi l'OMS a adopté en 2015 un plan d'action mondial qui recommande notamment l'interdiction, dans l'élevage et l'agriculture, de certains antibiotiques cruciaux pour la santé humaine, a insisté la secrétaire générale Margaret Chan qui estime que les choix de l’industrie pharmaceutique ont engendré une part de responsabilité dans ce fléau : en 50 ans, seulement 2 nouvelles classes d'antibiotiques sont apparues, a-t-elle noté… Le retour sur investissement étant sans doute insuffisant pour les laboratoires, analyse-t-elle, courageusement…
Alors, Madame la ministre, accuser les généralistes et culpabiliser les patients sur ce genre d’excès, ce n’est ni très honnête, ni très efficace…
*Selon l’OMS, la moitié des antibiotiques produits dans le monde sont destinés aux animaux… Aux Etats-Unis, cette proportion serait de 80 % ! Un rapport de la FDA estime que les animaux d’élevage consomment 13 000 tonnes d’antibiotiques par an…
**La découverte fortuite en 1928 de la pénicilline par Sir Alexander Fleming, puis la recherche de nouveaux antibiotiques et leur utilisation en médecines humaine et vétérinaire est incontestablement une avancée scientifique majeure du XXe siècle. De nombreuses maladies infectieuses bactériennes, mortelles pour l’Homme et les animaux d’élevage, ont ainsi pu être soignées. Mais dès les années 50, l’évolution de la société, des systèmes agricoles et industriels ont entrainé une surutilisation chez l’Homme comme chez l’animal. Dès les années 60, des résistances bactériennes ont été observées ainsi que de possibles transmissions de bactéries multirésistantes entre l’animal et l’Homme. Malgré tout, l’utilisation mondiale des antibiotiques a poursuivi sa courbe exponentielle jusqu’à la fin des années 90…