Un Français sur 2 est trop gros !

Selon l’OMS plus d’un tiers des adultes atteints de surpoids ou d’obésité, un fléau sanitaire qui frappe aujourd’hui la quasi-totalité de la planète.

En France, le surpoids concerne désormais une personne sur 2. Il apparaît que 41 % des hommes souffrent de surpoids et 15,8 % d’obésité. Pour les femmes, c'est 25,3 % et 15,6 %

Soit, surpoids et obésité confondus, 56,8 % d’hommes et 40,9 % de femmes en surcharge pondérale. Ces résultats sont issus d’une étude portant  sur 29 000 personnes, publiée ce 25 octobre dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire. Les relevés ont été faits par des professionnels de santé dans des centres d’examen, selon une procédure standardisée. Ce n’est pas une surprise, considère Marie Zins, épidémiologiste et directrice de l’unité Inserm Cohortes* qui a participé à ce travail. Les conclusions confirment celles des investigations antérieures.

L’excès de poids continue d’augmenter légèrement au sein de la population, observe l’épidémiologiste. Mais on n’assiste pas à une explosion de l’obésité. En 1980, cela ne concernait que 6,1 % des adultes. Entre 1997 et 2012, le nombre de cas a progressé de 76 %. Ces dernières années, cette croissance a fortement ralenti, indique la Docteur Zins. Ces chiffres montrent que l’obésité reste un problème sanitaire majeur,

renchérit Sébastien Czernichow, professeur de nutrition à l’université Paris-Descartes et chef du service de nutrition de l’Hôpital européen Georges-Pompidou, coauteur de l’étude. Et ce malgré le plan de lutte contre l’obésité appliqué en France de 2010 à 2013 et l’ouverture de 37 centres spécialisés ! D’autre part, le docteur Czernichow estime que les seniors représentent un enjeu médical particulier : ils cumulent les problèmes liés au surpoids et les risques liés au vieillissement souligne-t-il. Ce sont en effet les plus de 60 ans qui présentent les taux d’obésité les plus élevés (20,8 % pour les hommes et 18,8 % pour les femmes). 


L’écart entre les sexes s’observe dans toutes les études sans que les chercheurs l’expliquent vraiment excepté par des facteurs culturels qui tolèrent mieux socialement les excès de rondeurs chez un homme enveloppé que sur une femme…

Se limiter à l’a mesure de IMC comme jauge de bonne santé peut conduire à sous-estimer les risques d’affections cardiovasculaires ou métaboliques, c’est pourquoi

l’obésité abdominale (tour de taille de plus de 94 cm/homme et de 80 cm/femme) a également été prise en compte comme nouvel indicateur et là on remarque que non seulement un tour de taille trop important est beaucoup plus fréquent que l’obésité globale mais que les tendances entre les sexes sont inversées : 41,6 % des hommes et 48,5 % des hommes sont concernées.

L’obésité : un problème majeur de santé publique

L’importance de l’obésité reste préoccupante en termes de santé publique, insiste la Dr Zins. L ’excès de masse graisseuse  pour conséquence une augmentation de nombreuses pathologies : maladies cardiovasculaires, diabète, problèmes articulaires, troubles respiratoires, des dépression ou des cancers du foie, de l’utérus ou du sein après la ménopause.

Plus t’es pauvre, plus t’es gros !

Le rapport insiste également sur le lien entre l’obésité et les inégalités sociales.

Les raisons économiques sont, hélas, bien connues ! Même si le stress, l’exposition à des polluants ou une prédisposition génétique sont des facteurs à prendre en compte en matière de prise de poids, il est évident qu’une alimentation saine et diversifiée alliée à la pratique d’une activité physique régulière ont des conséquences ! Comme tout monde n’a pas la chance de cultiver un potager qui allie ces 2 paramètres… Dans notre vie moderne, une nourriture de qualité est souvent coûteuse*** et l’accès à des équipements sportifs n’est généralement pas gratuit…

Disparités géographiques.

Le contraste est flagrant entre le Nord, où le taux d’obèses est de 25,6, et les grandes villes comme Paris : 10,7 %, Lyon 12,3 % ou Bordeaux, 13 %.  Il montre l’influence directe du développement économique et de la richesse des territoires.

La France se situe dans la moyenne du classement européen où les Irlandais et les Maltais occupaient la première place en 2010 avec 76 % d’hommes concernées. A l’inverse, en Suisse, ce problème n’atteint que 33 % des femmes.


* Cohorte constances : programme de recherche qui rassemblera à terme 200 000 personnes. Il a été lancé en 2012 et il est mené conjointement  par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et la Caisse nationale de l’assurance-maladie des travailleurs salariés (Cnamts). Plus de 110 000 volontaires sont déjà suivis.

**Comme celles de l’enquête ObÉpi (2012) qui indiquait déjà un taux d’obésité de 15 %, chez les plus de 18 ans. Toutefois, la méthode était seulement déclarative : les participants, tirés au sort étaient interrogés au téléphone mesuraient eux-mêmes leur poids et leur taille.