Paris : Nuit de la solidarité ou le comptage des SDF…

Combien de personnes dorment dans la rue à Paris ? En France, il n'existe pas de recensement officiel des SDF.

Une enquête de l'Insee de 2012, établit à 143 000 le nombre de sans domicile en France, dont 28 800 adultes francophones dans l'agglomération parisienne.La question oppose régulièrement le gouvernement et les associations…

Alors, la mairie a organisé le tout premier recensement des SDF. Il s’agit de les comptabiliser, une fois que toutes les places d'hébergement ont été attribuées par le 115, explique Dominique Versini, l’adjointe à la solidarité de la mairie de Paris.

Par petites équipes de 3 ou 4, dirigées par un travailleur social, plus de 1 700 bénévoles et associatifs ont quadrillé la capitale, par secteurs, pendant 2 h cette nuit du 15 au 16 février pour aller à la rencontre des personnes dormant dans la rue. SNCF, RATP et l'AP-HP se sont occupés de recenser les personnes sans logement dans les gares, les métros et les hôpitaux. Les sans-abris campant dans les bois de Vincennes et Boulogne sont déjà répertoriés par les professionnels.

Un questionnaire a été distribué pour récolter des informations sur le profil de la personne : depuis quand elle est à la rue, si elle a tenté d'appeler des numéros d'urgence, etc.

La méthode est déjà utilisée notamment à New York et dans de grandes villes européennes comme Bruxelles et Athènes mais n'avait jamais été expérimentée en France. Les résultats de l'enquête seront publiés d’ici quelques semaines. Si ça ne donne pas lieu à une réadaptation des réponses quantitatives et qualitatives d'hébergement, alors ça sera juste un bon coup de com, a prévenu Christophe Robert, délégué général de Fondation Abbé Pierre, qui reste dans l’expectative…

L’initiative fait suite à une polémique engendrée par les déclarations de Julien Denormandie, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Cohésion des territoires : commentant le rapport de la fondation Abbé Pierre sur le mal-logement, sur France Inter il avait défendu, fin janvier, un effort sans précédent de la part du gouvernement en matière d'hébergement d'urgence, avec l'ouverture de plus de 13 000 places  et affirmait que seuls une cinquantaine d'hommes isolés en Île-de-France avaient dormi dans la rue la nuit précédente. Ces propos aussi erronés qu’insupportables avaient immédiatement déclenché un légitime tollé d’indignation ! Quelques jours tard, lorsque Sylvain Maillard, député LREM de Paris, avait non seulement estimé ce chiffre exact mais renchérit ajoutant que même dans les cas de grand froid, certains ne souhaitent pas être à l'abri, les choses s’étaient carrément envenimés… Aucun Parisien ne peut donner foi à de telles déclarations !, avait explosé dans le JDD Louis Gallois, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, qualifiant ces propos d’insupportables.

Je m'en veux si mes propos n'ont pas été explicites. (...) On ne cherche à minimiser aucun chiffre, s’est rétracté depuis Julien Denormandie, assurant qu'il se référait au nombre de personnes appelant le Samu social en fin de journée et à qui aucune solution d'hébergement ne peut être proposée*. Si les associations parlent de plusieurs milliers de personnes, je n'ai aucune raison de contredire ce chiffre, a-t-il ajouté.

Le Samu social estime à entre 2 500 et 3 000 personnes qui dorment dans la rue ou dans des lieux non prévus pour l'habitation, chaque nuit, à Paris. Nous manquons de données, a reconnu Eric Pliez, président du Samu social de Paris.

*Ce sont, en effet, les seuls chiffres qui existent = il n'existe pas à ce jour de décompte des personnes sans abri en Ile-de-France.