Affaire Gregory : Murielle Bolle en garde à vue

Murielle Bolle a été interpellée à son domicile de Granges-sur-Vologne dans les Vosges ce 28 juin et placée en garde à vue pour complicité d'assassinat et non-dénonciation de crime. Elle doit être interrogée, une nouvelle fois, par les enquêteurs…

À l'époque du meurtre de Grégory Villemin en 1984, Murielle Bolle, sœur Marie-Ange Laroche, avait 15 ans.

Avant de se rétracter fermement et de se bloquer dans un silence absolu, voici la version des faits que l’adolescente avait livré, à 4 reprises : le 16 octobre 1984, à 16h30, Bernard serait venu la chercher à la sortie de son collège en voiture avec son fils Sébastien, 4 ans, assis à l'arrière. Après un bref arrêt devant une maison de Lépanges, bourg il aurait fait monter un enfant qu'elle ne connaissait pas. Ensuite, Bernard Laroche serait à nouveau descendu de voiture sur le territoire de la commune de Docelles, en compagnie du petit passager. Après quelques minutes, Bernard Laroche serait revenu seul… Comme elle déjà été interrogée pendant 23 h, en novembre 1984, les gendarmes ne disposent plus que de 25 h pour atteindre la durée légale des 48 h. À l'issue de la garde à vue, Murielle Bolle, assistée par Me Jean-Paul Teissonnière, sera présentée à la présidente de la chambre de l'instruction de Dijon, qui pourra la mettre en examen ou la placer sous le statut de témoin assisté, soit libérée sans qu'aucune charge soit retenue contre elle, comme il y a 2 semaines, pour Ginette Villemin, tante par alliance de Grégory.


Dans leur considérable travail de synthèse remis aux autorités judiciaires fin mai, (info Le Figaro), les gendarmes de la Section de recherches de Dijon ont repris tous les procès-verbaux de 1984-1985. Murielle fournit des déclarations fluctuantes avec des informations imprécises et variables, estiment-ils. Ils envisagent, d’une part,  que  Murielle ait pu prendre une part beaucoup plus active au crime qu'elle ne le prétend… Cependant, Murielle Bolle n’a aucun mobile. Elle connaît à peine Grégory et ne côtoie pas ses parents. D’ailleurs, aucune déclaration, ni indice matériel ne confirme cette hypothèse en contradiction flagrante la thèse privilégiée par les enquêteurs : les Jacob sont animés d’une haine obsessionnelle envers leurs cousins Villemin… Ils auraient demandé à Bernard Laroche, leur neveu dont ils étaient très proches, de kidnapper Grégory. Sans le prévenir que le petit garçon de 4 ans était promis à la mort.…

Dans la synthèse de 591 pages, plusieurs éléments tendent à faire douter de la culpabilité du duo Bernard Laroche-Murielle Bolle pour le meurtre. Les enquêteurs relèvent notamment qu'il n'existe aucune connexion entre Bernard Laroche et la commune de Docelles. De retour chez lui, il n’a pas le comportement de quelqu'un qui vient de commettre un crime sur un enfant de sa famille : il retire ses gains au PMU en patientant 20 m, va s'acheter du vin en promotion puis il passe une soirée anodine chez sa tante Louisette. De plus, il a été promu contremaître un mois avant, n'a aucune raison de commettre un acte irréparable…

Enfin, lorsque son épouse, lui montre le journal du mercredi 17 octobre 1984, il réagit vivement en s'exclamant : Ah les salauds, c'est pas possible ! Lorsque Marie-Ange Laroche retrouve son mari chez sa tante Louisette, elle constate qu’il semble tout retourné : il a les yeux rouges… il a pleuré, alors qu'il n'est pas émotif.

Enfin, le rapport évoque la possibilité que Murielle connaisse l'implication d'une tierce personne : lorsqu'elle croit que Bernard Laroche emmène Grégory chez un ami de son père, elle laisse entendre qu’une ou plusieurs personnes sont chargées de récupérer l'enfant. C'est Bernard qui l’en a peut-être informé, ce qui tendrait à confirmer que non seulement il ne pensait pas que du mal serait fait à l'enfant mais qu'il y avait bien un relais après lui.

La question que les gendarmes vont poser à Murielle Bolle

Le 2 novembre 1984, Murielle Bolle avait déclaré aux gendarmes : Lorsque Bernard est revenu, il était accompagné d'un petit garçon. ll me semble qu'il portait un bonnet mais Je ne le connaissais pas… Murielle Bolle avait, certes, croisé Grégory en juillet 1984 chez Michel Villemin mais rien ne prouve qu'elle aurait pu le reconnaître le 16 octobre, vêtu d’un anorak et un bonnet. Mais elle ajouté : J'ai pensé qu'il l'emmenait chez un ami de Jean-Marie. L'ami en question je ne le connais pas.

32 ans plus tard, les analystes soulignent : Comment ne peut-elle pas (re)connaître l'enfant et penser que Bernard l'emmenait chez un ami de Jean-Marie (Villemin)? Elle savait donc qu'il était le fils de Jean-Marie. Chez qui pensait-elle que Bernard l'emmenait ?