Allergies : vers un déremboursement de la désensibilisation ?

Dès sa nomination à la tête de la Haute Autorité de Santé (HAS), le Professeur Dominique Le Guludec a signé, en décembre 2017, une recommandation sur le déremboursement de la désensibilisation pour les maladies allergiques en raison d’une efficacité jugée insuffisante…

En France, chaque année, 300 000 personnes suivent ces traitements, 4 mois avant le début des symptômes.

Première concernée, l'allergie respiratoire résulte d’un déséquilibre persistant du système immunitaire. Maladie chronique impliquant une prédisposition génétique alliée à et des facteurs environnementaux : pollution, tabagisme, changement climatique, elle est susceptible d’évoluer vers l’asthme ou une polysensibilisation à multiplicité allergènes, et les conséquences des symptômes sur le quotidien des patients qui souffrent sont lourdes.

Ils affectent la qualité du sommeil, entraînent fatigue et baisse des résultats scolaires et difficultés professionnelles. Toutes les tranches d'âges sont touchées avec un pic chez les enfants et les jeunes adultes.

Inventée en 1911,  par le Dr Noon, la désensibilisation agit sur la réponse du système immunitaire : apprendre à considérer les pollens, les acariens ou les animaux domestiques sans réaction démesurée. La désensibilisation est surtout destinée aux patients pour qui les médicaments comme les anti-histaminiques et/ou les corticoïdes sont peu efficaces ou mal tolérés.

L’immunothérapie allergénique elle est le seul traitement sur-mesure traitant efficacement et durablement les causes des formes sévères des allergies respiratoires, apportant une réponse sur tous les symptômes. 

Malgré cela, ils ont du mal à rentrer dans les cases d’évaluation d’efficacité de la  aux Haute Autorité de Santé qui lui reproche de ne pas remplir le niveau de preuve des standards… ! Or, ces traitements qui existaient bien avant la mise en place de ces normes cependant le nombre d'allergènes et de différents dosages rendent les études impossibles.

Mais la France a une réelle expertise clinique dans ce domaine. Cette décision brutale, sans concertation avec les patients et les médecins qui les soignent, principaux concernés, choque profondément la communauté allergologique.

A l'heure de la mise sur le marché de produits biologiques qui révolutionnent la prise en charge des cancers, des maladies inflammatoires sévères, c’esr un barrage à l'innovation. Face à l’augmentation et à la complexification des allergies respiratoires dues aux changements environnementaux, une baisse drastique du remboursement réduirait considérablement l'accès aux soins.

La pratique des allergologues serait profondément impactée. Le risque de désintérêt des jeunes médecins pour la spécialité est réel.

Et, sur un plan purement économique les coûts pour le système de santé pourraient bien augmenter…

L’allergie respiratoire est la plus fréquente des maladies chroniques, toutes en expansion ! Les économies ne doivent se faire au détriment de la qualité des soins et de la prise en charge. Depuis un an, la Fédération Française d'Allergologie n'a cessé d'alerter les pouvoirs publics. Nous sommes écoutés avec courtoisie mais aucune de nos solutions n'a été acceptée, déplorent Pascal Demoly, président du Collège des enseignants d'allergologie et  Jocelyne Just, présidente de la société française d'allergologie.