Jean d'Ormesson : l'immortel était un être humain…

L’académicien Jean d'Ormesson nous a quitté cette nuit.

Il est décédé d'une crise cardiaque à son domicile de Neuilly-sur-Seine (92), à l'âge de 92 ans.

Il a toujours dit qu'il partirait sans avoir tout dit et c'est aujourd'hui, a déclaré sa fille Héloïse, en annonçant son décès à l’AFP. Il nous laisse de merveilleux livres, a-t-elle ajouté. Mourir ce ne doit pas être très agréable mais être mort ce doit être délicieux… avait-il confier sur France Inter en novembre 2016.

La vie est belle car elle s’achèveavait-il insisté. L’immortalité, c’est un cauchemar ! avait ajouté malicieusement l’académicien citant Jean Cocteau :  Nous sommes immortels pour la durée de notre vie après nous nous changeons en fauteuil…

Né à Paris le 16 juin 1925, fils d'ambassadeur, Jean d'Ormesson est normalien et agrégé de philosophie. Pour rassurer son père et faire plaisir à sa mère, il entreprend une carrière de haut fonctionnaire… Après avoir été membre de délégations françaises à plusieurs conférences internationales (1946-48), il est secrétaire général à l'Unesco, (1950-1992), puis président du Conseil international de philosophie et des sciences humaines. Il appartient à plusieurs cabinets ministériels de 1958 à 1965.

Dès 1949, il est écrit aussi pour Paris-Match, Ouest-France, Nice Matin Pius il est rédacteur en chef adjoint de Diogène, revue de philosophie (1952-71) avant d'en devenir directeur général en 1976. Président du directoire de la société de gestion du Figaro et directeur de ce quotidien de 1974 à 1976, il est ensuite directeur général du Figaro jusqu'à sa démission en juin 1977.

Ecrivain, Jean d’Ormesson est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages : son premier roman, l'Amour est un plaisir (1956) La Gloire de l’Empire, récompensé par le Grand Prix de l'Académie française. Au Plaisir de Dieu (1974), sera adapté à la télévision. Dieu, sa vie, son œuvre (1981), Jean qui grogne et Jean qui rit (1984). L'Histoire du Juif errant (1991), La Douane de mer (1994) et Presque rien sur presque tout (1996)… L'écrivain Jean d’Ormesson livrait son explication du monde, avec l'art de dire des choses graves avec légèreté.

Le bonheur est une espèce de politesse…

En 1997-98, il publie Une autre histoire de la littérature française, en 2 tomes.

Voyez comme on danse (2001). Le Rapport Gabriel (1999), C'était bien (2003), considérés comme testamentaires. Il publie encore Une fête en larmes (2005) et Un jour je m'en irai sans vous avoir tout dit en 2013, où il livrait sa foi en la littérature, la force des sentiments et le goût du bonheur.

Elu en 1973 à l'Académie française, il a reçu le prix Chateaubriand (1994) pour l'ensemble de son œuvre. Jean d’Ormesson est l’un des rares auteurs à être édité de son vivant dans la collection La Pléiade de Gallimard (2015). Jean d’Ormesson donnait envie de lire à ceux qui ne lisent pas, résumait Frédéric Mitterrand, ex ministre de la Culture.

Ultime clin d’œil : Et moi je vis toujours, le dernier ouvrage de l’immortel, sortira à titre posthume, au printemps 2018…