Bolivie : Jeanine Añez s'est proclamée présidente par intérim
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- Catégorie : Actualité internationale
- Publié le Jeudi, 14 Novembre 2019 09:46
En Bolivie, Jeanine Añez, 2e vice-présidente du Sénat, s'est autoproclamée ce 12 novembre présidente, par intérim… malgré l'absence de quorum au Parlement.
La sénatrice a argué la nécessité de créer un climat de paix sociale dans un pays au bord de la guerre depuis la dernière présidentielle.
Après 3 semaines de violente contestation contre sa réélection au 1er tour à un 4e mandat fin octobre, et lâché par l'armée, Evo Morales avait du annoncer sa démission. Lorsqu'il a accédé au pouvoir en 2006, Evo Morales était le premier chef d'État indigène du pays. Il a longtemps incarné un symbole d'émancipation pour ces populations.
De Mexico où il est arrivé en avion militaire après un périple de 16 h, en raison des ordres et contrordres des pays survolés, l'ex-président bolivien a, pour sa part, dénoncé un coup d'État. Le plus astucieux et le plus odieux de l'Histoire de la Bolivie, a-t-il insisté.
Le leader de gauche a promis de poursuivre la lutte et a affirmé qu'il ne cesserait pas de faire de la politique… Ça me fait mal d'abandonner le pays, a-t-il assuré.
Evo Morales désormais en exil
À 60 ans, il était un des derniers représentants de la vague rose en Amérique du Sud au début des années 2000. Depuis, le socialisme a subi une défaite au Brésil, au Chili et en Équateur mais vient de revenir au pouvoir en Argentine. Tandis que le Venezuela avec lequel le président bolivien entretenait d'étroites relations, se trouve en pleine crise politique et économique. Evo Morales était toujours fermement soutenu par Cuba.
La Bolivie est différente, nous allons bien, répétait-il comme un mantra, repris en chœur par ses partisans du Mouvement vers le socialisme (MAS).
L’ancien berger devenu président
Evo Morales, né le 26 octobre 1959 dans un village pauvre de la région d'Oruro, était gardien de lamas.
Parvenu au pouvoir, il pouvait revendiquer de nombreux succès économiques : maintien d'une croissance élevée, forte réduction de la pauvreté, niveau record de réserves en devises. Le pays a aussi multiplié les accords d'investissement internationaux pour l'exploitation du gaz naturel et du lithium, matériau il espère devenir le 4e producteur mondial d'ici 2021.
Mais avec la chute des cours des matières premières, le gouvernement a été obligé d'emprunter davantage et de puiser dans les réserves. Le modèle économique bolivien, basé sur l'exploitation des matières premières, n'était plus tenable.
Les adversaires d’Evo Morales dénonçaient son caractère têtu qui l'empêche de reconnaître ses erreurs. Ils l'accusaient d'avoir instauré un gouvernement antidémocratique et abandonné ses valeurs originelles, notamment la défense de l'environnement et des indigènes.
Une partie des Boliviens ne lui pardonnent pas d'avoir brigué un 4 e mandat, alors que les électeurs s'étaient prononcés contre à l'occasion d'un référendum en 2016. Grâce à une nouvelle décision très contestée de la Cour constitutionnelle, Evo Morales était passé outre…
Je ne veux pas continuer, mais je ne peux pas décevoir mon peuple, s'était-il alors justifié.