Nicotinoïdes : l'UE vote l'interdiction de 3 produits

3 néonicotinoïdes enfin interdits

Cothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame, ces 3 néonicotinoïdes vont être interdits après le vote aujourd'hui d'une majorité d'Etats membres, a annoncé la Commission européenne.

Considérés comme dangereux pour les abeilles, ces produits contiennent des substances neurotoxiques qui s'attaquent au système nerveux des insectes.

Ils étaient déjà soumis à des restrictions d'usage imposées dans l'UE mais restaient largement utilisées. Le suisse Syngenta et l'allemand Bayer, leurs fabricants leaders en pesticides, avaient contesté ces décisions en justice… Et malgré une évaluation négative de l'Agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa), leur interdiction était en suspens depuis 2013.

L'interdiction s'applique désormais à toutes les cultures en plein champ, avec pour seule exception les usages en serres, à condition que graines et plantes ne quittent pas leur abri.

Abeilles : les écosystèmes en péril…

Une hécatombe ! s’indigne Jean-Marie Camus, apiculteur et président de l'association sanitaire apicole de l'Aisne.Tous les ans, au début de printemps, on ouvre les ruches : une grande partie étaient vides… avec des abeilles mortes à l'intérieur… parfois, presque 100 % …, explique-t-il.

Selon l'Unaf, le constat est le même partout : en Dordogne : près de 2 500 colonies mortes. Des mortalités importante dans le Doubs ou en Creuse. En Charente Maritime et en Bretagne qui dénoncent une situation catastrophique.

Des apiculteurs qui ont 40 ans de métier, pleurer en disant j'arrête, je n'ai jamais vu ça ! dénonce Jean-Marie Camus.

L' Unaf (Union nationale de l'apiculture française) veut en finir avec les insecticides assassins. Bien sûr, la météo et certaines maladies ont sûrement une part de responsabilité. Mais les apiculteurs fustigent la toxicité des pesticides, notamment les néonicotinoïdes…Tout au long de la saison hivernale, nos abeilles sont bien soignées. On les bichonne et elles ne reviennent pas, alors il y a quand même un problème, elles sont complètement déboussolées, argumentent-ils

Les Etats membres de l’Union Européenne doivent justement se prononcer ce 27 avril sur l'interdiction des néonicotinoïdes, considérés comme responsables de la forte diminution des populations d’abeilles et de bourdons ces dernières années. Un comité permanent (SCOPAFF) sur les produits phytopharmaceutiques réunit i les gouvernements. Le vote va porter sur 3 produits néonicotinoïdes. La Commission européenne a demandé leur interdiction, tout comme le Parlement européen. La France et l’Allemagne sont pour mais la majorité qualifiée nécessaire n’est pas certaine…

Il faut non seulement 55 % des États membres (soit au moins 16 pays sur 28), mais que ceux-ci représentent également 65 % de la population de l’Union européenne.

9 pays sont contre l’interdiction : l’Espagne, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Finlande, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et la République Tchèque. Les pays qui peuvent faire pencher la balance sont la Belgique, la Bulgarie, le Danemark, la Grèce, la Hongrie, le Portugal et la Suède. Le 20 mars, les eurodéputés des principaux groupes politiques ont rappelé leur soutien à l’interdiction et ils demandent qu’il n’y ait pas à nouveau un report de la décision. En effet elle a déjà été repoussée la en décembre 2017, en attendant le rapport de l’EFSA et le 22 mars, un premier vote a été reporté, en raison d’une absence de majorité qualifiée.

Néonicotinoïdes

Ces pesticides affectent le système nerveux des insectes, provoquent la paralysie et sèment la mort. Rien que leur nom fait déjà très mauvaise impression… La famille de ces produits est composée de substances aux appellations encore plus barbares : acétamipride, clothianidine ou encore thiaclopride. Une publication conjointe du MNHN et du CNRS a révélé le 20 mars dernier qu’un problème particulier se pose sur les espèces qui pollinisent les plantes, permettent ainsi leur reproduction et leur fructification : 16,5 % des pollinisateurs vertébrés sont menacées d’extinction à l’échelle mondiale, jusqu’à 30 % sur les îles. En Europe, 37 % des populations d’abeilles et 31 % des papillons sont en déclin. 9 % sont menacées de disparaître ».

De son côté, l’ EFSA (autorité européenne pour la sécurité alimentaire) a également publié un rapport confirmant la dangerosité de ces pesticides pour les abeilles…

Actuellement, un tiers des insecticides vendus dans le monde sont des néonicotinoïdesLes apiculteurs tirent la sonnette d’alarme et appellent à l’aide

Désespéré, Sven Niel, apiculteur du Pays bigouden, dans le Finistère, a choisi de transmettre un message spontané avec cette vidéo. Depuis le 16 avril, elle a été vue plus de 2,7 millions de fois.


Et une pétition pour demander l'interdiction des néonicotinoïdes, en ligne sur le site Avaaz a récolté près de 5 millions de signatures