Porto Rico : après l’ouragan Maria, le réconfort selon Donald Trump…

Début septembre, l’île de Porto Rico a subi les ravages de 2 ouragans successifs.

Au moins 16 personnes sont mortes. Les destructions sont considérables.

Lorsque Donald Trump débarque, en visite, un mois après, les aides militaires d’urgences et les vivres tardent toujours à arriver et la situation sur place reste très préoccupante. La population manque cruellement d’eau, censée alimenter aussi les générateurs de secours en électricité…

Face à l’ampleur du sinistre, seule l'armée a les moyens logistiques de distribuer les biens de première nécessité dans tout le pays. Les responsables locaux sont dépassés et démunies : Carmen Yulin Cruz, la maire de San Juan, capitale où vivent 10% des 3,4 millions d'habitants de Porto Rico, s’est adressée directement au président américain, pour lui demander d’intervenir, sans quoi nous allons assister à ce qui pourra s’apparenter à un génocide assure-t-elle

Après le passage des ouragans Harvey au Texas, et Irma en Floride, très médiatisés, a immédiatement suivie… l’intervention efficace des forces armées américaines. En raison de la lenteur de l’envoi de militaires fédéraux mais aussi de l’apparent mépris de Donald Trump, les Portoricains ont le sentiment d’être des citoyens de seconde zone.

Certes, il a déclaré l’état d’urgence dès le lendemain du passage de l’ouragan mais 5 jours après il écrivait sur Twitter : Le Texas et la Floride vont très bien mais Porto Rico, qui souffrait déjà avant d’infrastructures défectueuses et d’une dette massive, va avoir de gros ennuis… Ce qui n’a pas manqué de contribuer au sentiment de ne pas être des Américains à part entière ! Porto Rico a un statut hybride : officiellement rattaché aux États-Unis en 1952 en tant qu’État libre associé, non comme membre de l’Union. Il s’agit d’un territoire et non d’un pays, ni du 51e État américain…

Nous avons commencé à réagir 4 jours trop tard, a regretté le général en retraite Russel Honoré, à la radio NPR.  C’est lui qui avait été en charge des opérations militaires de secours après le passage de l’ouragan Katrina sur la Louisiane en 2005. Un retard qui s’expliquer en partie par l’absence de représentation politique de l’île de Porto Rico, à Washington … S’ils bénéficient de la citoyenneté américaine, ses habitants n’élisent ni sénateur, ni membres du Congrès.  A fortiori le président ! Les Portoricains n’ont donc personne pour les défendre, donner de la visibilité à leur situation et mettre la pression. Résultat : ils ne se sentent pas entendus par Donald Trump et il leur accorde peu d’attention…

Déni et colère

10 jours après les dernières bourrasques de la tempête, Donald Trump est plus que jamais critiqué pour la lenteur et la faiblesse de sa réaction…

Loin de présenter des excuses, le président américain a encore renvoyé la faute sur les autorités locales … qui n’ont pourtant minimisé ni les risques, ni les dégâts : avant même que Maria touche leurs côtes, elles annonçaient s’attendre à la tempête la plus dévastatrice du siècle… après, la maire de San Juan a décrit Porto Rico comme anéanti avec une dévastation pratiquement absolue de la capitale. Attaqué de toute part, Donald Trump a eu plusieurs stratégies : les 26 et 28 septembre il a annoncé qu’il se rendrait à Porto Rico le 3 octobre et qu’il levait temporairement l’application du décret Jones Act de 1920* qui contribuait à compliquer l’envoi de l’aide matérielle.

Sur Twitter, à grand renfort de photos et de vidéos des opérations de l’armée américaine il s’est longuement félicité des efforts des secouristes… Le gouverneur de Porto Rico vient de déclarer : l’administration fédéral et le président, chaque fois qu’on a demandé quelque chose, ils ont répondu présent, rapportait, même, Donald Trump, ce 29 septembre…  Tandis que Ricardo Rosselló, le gouverneur en question, ripostait sur MSNBC : La réponse du gouvernement fédéral n’est toujours pas là où elle devrait être, certainement pas !

Appliquant ensuite la lettre le principe qui prescrit l’attaque comme la meilleure défense, Donald Trump a ainsi pris à parti Carmen Yulin Cruz : gestion catastrophique de la maire de San Juan, et d’autres à Porto Rico, qui ne sont pas capable de mobiliser leurs employés pour aider. Ils veulent que tout soit fait pour eux quand il devrait s’agir d’un effort collectifIl également a accusé les médias de colporter des fake news sur les premiers secours, uniquement pour se payer Trump

Les Portoricains ne devraient donc pas être surpris qu’un tel président, choisisse encore une fois de tout ramener à lui-même…


*Un bateau n’ayant pas été fabriqué aux États-Unis, n’étant pas possédé par un Américain ou pourvu d’un équipage américain n’a pas le droit d’approvisionner directement les ports de l’île sans payer une taxe indécente