François Hollande décolle au Bourget…

Mon véritable adversaire, c'est le monde de la finance !

a déclaré François Hollande, dimanche après-midi au Bourget lors de son premier grand meeting de campagne. Soutenu par des piliers du parti, Martine Aubry, Lionel Jospin et Laurent Fabius, et de personnalités des arts et du sport, le candidat du PS a prononcé un discours combatif d'1h23 devant plus de 10 000 militants présents dans la salle, 15 000 dans l'annexe ainsi que les téléspectateurs des chaînes d'information.

François Hollande a ainsi a dévoilé… une grande partie de son programme à 90 jours du premier tour du scrutin :

Sans prononcer son nom une seule fois, il s'est érigé en contre-exemple de Nicolas Sarkozy : Je ne m'exhibe pas, je reste moi-même, c'est ma force. Je n'ai pas besoin de changer en permanence pour être moi-même. J'aime les gens quand d'autres sont fascinés par l'argent. François Hollande s'est engagé à préserver l'État et sa neutralité face aux puissances d'argent. Il réduira de 30 % les indemnités du chef de l'État et de ses ministres. Il s'est engagé à respecter les compétences et d'abord celles du Premier ministre, à partager le pouvoir de nomination aux plus hautes fonctions, promettant de ne plus désigner les présidents de l'audiovisuel public.
Il s'est positionné en défenseur des valeurs de la gauche de la laïcité, s'engageant à inscrire dans la Constitution la loi de 1905. J'ai conscience de ma tâche : incarner le changement, faire gagner la gauche et redonner confiance à la France.

Il a promis le droit de vote des immigrés aux élections locales, le non-cumul des mandats, l'introduction d'une part de proportionnelle aux législatives, la création de 60 000 postes dans l'Éducation. Le candidat s'est prononcé pour la création d'une taxe sur les transactions financières et d'une agence publique de notation à l'échelle européenne. S'il devient président, il fera voter une loi pour contraindre les banques à séparer activité de dépôt et opérations spéculatives. Les produits toxiques seront interdits. Les stock-options seront supprimées et les bonus encadrés, a-t-il déclaré. Je serai le président de la fin des privilèges, a-t-il promis en employant une dizaine de fois le mot Égalité, concept républicain exprimé par des propositions sur le droit des homosexuels, la parité homme-femme, un tarif progressif pour l'eau, par exemple... et une réforme fiscale : rapprochement puis fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG, création d'une tranche supérieure à 45 % pour les revenus supérieurs à 150 000 €. .
Je ne promettrai rien que je ne suis capable de tenir,
affirme le candidat en estimant pouvoir rétablir l'équilibre budgétaire en fin de mandat, il confirme que le nombre total de fonctionnaires ne changera pas. Il fera une priorité de la réindustrialisation de la France, créera une banque publique d'investissements et exigera des entreprises qui délocalisent le remboursement des aides publiques perçues. En faveur du logement, François Hollande promet de mettre à disposition des collectivités locales des terrains de l'État destinés à la construction. Il s'engage à doubler le plafond du livret A pour financer le logement social. De multiplier par cinq les sanctions pour les communes qui ne respectent pas le seuil des 20 %. D'encadrer les prix des loyers.
En ce qui concerne la question de la sécurité, traditionnel point faible de la gauche, en dehors de la création de zones prioritaires, il met en garde les délinquants financiers, les fraudeurs fiscaux, tout comme les petits caïds des quartiers : La République vous rattrapera !
François Hollande entend proposer à l'Allemagne, un nouveau traité d'amitié : L'Allemagne ne restera pas forte dans une Europe faible. prévient-il. La France doit retrouver l'ambition de changer l'orientation de l'Europe. Il proposera de renégocier les accords du 9 décembre pour donner à l'UE les instruments pour dominer la finance et lancer des euro-obligations.



Ce matin, la majorité des journaux estimaient réussi le coup d'envoi de la campagne du candidat socialiste à l'élection présidentielle.

Dans Libération, Nicolas Demorand salue l’étoffe présidentielle du candidat socialiste. Lors de ses primaires, le PS s’était choisi un candidat, mais ce n’est qu’hier que François Hollande a enfilé le costume qui va avec, adhère Olivier Picard dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace. Soulever une salle de militants, François Hollande sait faire depuis longtemps. Il l'a encore prouvé hier mais cette fois dans les habits d'un possible président, renchérit Hervé Favre dans La Voix du Nord.

L'Humanité, approuve un discours de gauche, bien loin des eaux tièdes sociales-libérales d'il y a cinq ans ou du le politique ne peut pas tout exprimé par Lionel Jospin en 2002.
François Hollande a redonné au rêve français les couleurs de la gauche, s'enthousiasme Jean-Claude Souléry dans La Dépêche du Midi. François Hollande est cette fois entré dans sa campagne. De façon brillante, note Jean-Michel Helvig dans La République des Pyrénées.
Pour La Charente libre, le vainqueur des primaires socialistes a parfaitement réussi son décollage de campagne au Bourget. La Montagne souligne un discours, très charpenté à gauche, et rassembleur, qui apparaît comme une rampe de lancement idéale Sans doute, le Bourget n'est-il pas le plus mauvais endroit pour faire décoller une campagne», remarque Sud-Ouest avec humour.
Ouest-France, considère que sur le papier, tout semble parfait mais précise avec circonspection que cette construction ne vaut évidemment que si elle n'est pas démentie dès demain par des dérapages qui traduiraient des incohérences, des insincérités, des impossibilités à tenir tant de promesses.
En revanche et ce n'est pas surprenant, Le Figaro juge que François Hollande a fait l’impasse sur les immenses défis que doit affronter la France dans un univers mondialisé.
Réservé, La Croix estime que l'ambition des évolutions proposées laisse quelques doutes sur leur réalisme et les marges de manœuvre. Dans L'Alsace, Patrick Fluckiger reproche à François Hollande d'avoir caresser ses partisans seulement dans le sens du poil : Tout ce que les militants rêvaient d'entendre a été dit en évitant de parler des sujets qui fâchent, et tout particulièrement de la crise de l'euro, écrit-il.