Paris : Le Musée du Louvre, dépassé par pickpockets, est resté fermé une journée

En raison des agissements de pickpockets toujours plus nombreux au Louvre, 200 agents excédés ont décidé d'exercer leur droit de retrait.

Et mercredi 10 avril, le plus grand musée du monde a du rester fermé ! La direction soutient, sans réserve, ses employés et a déjà déposé plainte à ce sujet auprès du parquet de Paris dès le mois d'octobre 2012. En fin d'année, les voleurs à la tire avaient disparu mais sont revenus par vagues en février et mars.

Selon les syndicats, jusqu'à la semaine dernière, entre 30 et 50 pickpockets arpentaient chaque jour les salles du musée. La police estime que ces bandes organisées comptent de nombreuses filles et sont constituées de personnes originaires de Roumanie vivant en Seine-Saint-Denis. Les syndicats refusent pour autant toute stigmatisation et rappellent que ce sont la pauvreté et la misère qui engendrent ce genre de situation.

Parfois, les pickpockets se déplacent en groupes de vingt ou trente. Puisque l'entrée est gratuite pour les moins de 26 ans, il leur est facile de pénétrer dans l'établissement. Et ils reviennent malgré l'intervention des forces de l'ordre.

Japonais et Chinois, transportant souvent des sommes importantes en espèces, comme la plupart des touristes étrangers, sont particulièrement ciblés. Un cahier de doléances disponible sous la pyramide de verre ne sert qu'à comptabiliser le nombre de vols…

Lorsque les membres du personnel interviennent, ils s'exposent à des crachats, des bousculades, des insultes ou même des tentatives de corruption. On m'a déjà dit : Je te file 20 euros et tu me laisses travailler.. raconte un agent. Un autre donne l'exemple de jeunes filles qui relèvent leur tee-shirt par provocation, pour déstabiliser et faire diversion. Nous sommes dépassés par les événements, à bout de nerfs, souligne un surveillant de salle avec pourtant onze ans d'expérience. Certains collègues, notamment femmes, viennent travailler la peur au ventre, ajoute une déléguée syndicale.

Tout ce qui est règlement est bafoué, résume un responsable syndical. Le personnel regrette de se retrouver dans un rôle de flicage et de secourisme. Nos fonctions premières d'accueil et de présentation des œuvres passent à la trappe. Les agents réclament également que les effectifs soient renforcés sur certains postes : certains se retrouvent seuls pour accueillir les visiteurs, surveiller les œuvres, et doivent en plus gérer les pickpockets qu'ils connaissent souvent… Ils sont en plus amenés à recueillir les doléances des touristes, ce qui dépasse le cadre de leur mission…

Mercredi, tandis que les employés étaient en grève, 11 personnes ont été interpellé pour escroquerie à la charité publique et vente à la sauvette lors d'une une opération de police.

A la réouverture, ce 11 avril, la direction de l'établissement avait renforcé la sécurité : une vingtaine de gardiens de la paix, dont cinq à l'entrée principale sous la pyramide, sont désormais présents dans l'enceinte du Louvre, dans le but de dissuader les voleurs.

Les autorités consulaires des visiteurs les plus concernés ont été saisies pour que leur ressortissants soient informés du risque de vol à la tire, a encore indiqué la direction qui veut prendre des mesures pour interdire l'accès aux pickpockets récidivistes. Les syndicats estiment que cela va simplement déplacer ailleurs le problème…

Les dépôts de plaintes concernant les agents vont bénéficier de procédures simplifiées. Dès le 1er mai, un groupe de travail, piloté par l'administrateur général du Louvre, reccueillera les différentes expériences des employés, afin de réfléchir à d'autres actions à mettre en place.

La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a assuré qu'elle allait s'entretenir avec le ministère l'Intérieur pour mettre en place un dispositif de sécurité adapté à cette situation.