L'affaire Cahuzac et la moralisation de la vie politique…

altLe Parti socialiste a exclu Jérôme Cahuzac. Cette décision a été prise à l'unanimité, le Bureau national a en effet estimé que l'ancien ministre du Budget avait commis des actes inacceptables pour un élu de la République et un membre du gouvernement.

L'affaire a ébranlé en profondeur les militants socialistes comme la direction du PS. Le sujet sera dominera certainement au prochain Conseil national du parti, samedi prochain à Paris : la détention de compte dissimulé à l'étranger pour frauder le fisc, et de ses mensonges au président de la République, à la représentation nationale et aux Français ont porté gravement préjudice au Parti socialiste et à ses principes.

Ne mesurant visiblement pas l'étendue du désastre, Jérôme Cahuzac comptait reprendre sa place de député du Lot et Garonne… J'essaie de lui faire comprendre qu'il ne peut pas le faire, a déclaré sur France Info, Claude Bartolone.

Légalement, l'ancien ministre a, en effet, le droit, puisqu'il n'a pas été condamné jusqu'à présent, de retrouver son siège… Un ministre qui a démissionné peut revenir au bout d'un mois à l'Assemblée nationale, soit le 19 avril pour Jérôme Cahuzac, parti du gouvernement le 19 mars. Ce ne serait pas une bonne chose, ni pour lui ni pour le pays, a insisté le président de l'Assemblée nationale.

Dès la semaine dernière, le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, avait estimé que Jérôme Cahuzac s'était exclu de fait du Parti socialiste et qu'il n'en était plus membre. Harlem Désir a également déclaré sur i-Télé qu'il serait totalement insensé que Jérôme Cahuzac puisse revenir à l'Assemblée nationale, devant laquelle il a menti de façon aussi effrontée, aussi cynique !

Selon la télévision publique suisse, Jérôme Cahuzac aurait tenté de confier non pas 600 000 euros, comme indiqués lors de ses aveux du 2 avril, mais 15 millions d’euros, à un établissement genevois de gestion en 2009. Même si 600 000 euros représentent pour la plupart des gens plus d'argent qu'il n'en verront passer dans toute une vie, Antoine Peillon* auteur d'une enquête sur la fraude fiscale, a déclaré sur France Inter qu'en raison de la logistique bancaire mise en œuvre, il lui semblait impossible que le compte suisse de Cahuzac ait être ouvert avec un montant aussi faible…

*Antoine Peillon est le frère de Vincent aujourd'hui ministre de l'Education. Il est grand reporter à La Croix, et auteur des 600 milliards qui manquent à la France, un ouvrage sur la fraude fiscale en en mars 2012.

600 milliards d’euros : c’est la somme astronomique qui s'évade dans les paradis fiscaux, soit près de 10% du patrimoine des Français… 1/3 de la dette du pays !

Comment cette fuite massive a-t-elle été rendue possible ? Et fait-elle l’objet d’une telle omerta judiciaire, alors que les institutions de contrôle, la police, la justice, la douane, les services de renseignements, etc… en possèdent l’essentiel des preuves ? Quand on connaît la situation des comptes publics de la France, la question mérite d’être posée…