Manifestations des pompiers contre la réforme de leur statut


Plus d'un millier de pompiers professionnels (1300 selon la police, 2 000 selon les syndicats) ont manifesté aujourd'hui à Paris contre une réforme de leur statut à l'appel de 4 syndicats, CGT, Fédération autonome, CFDT et SUD. Ils s'opposent à un protocole d'accord sur leur profession signé par le ministre de l'Intérieur et d'autres organisations syndicales. Pour eux, ce projet constitue une régression sociale pour les personnels.

Afin de médiatiser leurs actions, près d'une cinquantaine d'entre eux se sont introduits ce 15 février dans la cour d'honneur pourtant bien gardée de l'Assemblée Nationale. Le gouvernement fait bloc pour nous étouffer. On est perdus. On ne sait plus quoi faire comme action pour être entendus par les élus et la population, ont avoué les responsables Cyril Grandpré (Fédération autonome) et Jean-Philippe Parellat (CGT). Les manifestants ont demandé en vain à être reçus par le président de l'Assemblée ou des parlementaires, ils sont sortis accompagnés de Roland Muzeau et Martine Billard, députés du Front de Gauche et encadrés par des gardes mobiles qui les ont raccompagnés vers le boulevard Saint-Germain.
La mobilisation avait été bien plus nombreuse lors d'un précédent rassemblement en novembre 2011... ont reconnu les organisateurs.
Beaucoup de pompiers pensent il n'y a rien à attendre de ce gouvernement. Nous espérons rouvrir les négociations avec d'autres acteurs, a déclaré Jean-Claude Lenay de la CFDT.

A Lyon, 500 professionnels de la région ont défilé le 14 février et bloqué l'A7 dans les deux sens pendant une heure pour pour contester sirène hurlante, pétards et fumigènes à l'appui, ce texte incriminé qui devrait modifier recrutement et progression de carrière. A l'appel de la CGT, FA et Sud, majoritaires dans la profession, ils entendaient protester contre la refonte de leur filière souhaitée par le gouvernement et ratifiée par quatre autres syndicats ainsi que la fédération nationale des pompiers de France. Ce projet va clairement allonger les plans de carrière , déplore Rémy Chabbouh, délégué de l'intersyndicale. J'ai mis huit ans pour devenir sous-officier. Si la réforme passe, les jeunes attendront 15 ans avant de pouvoir passer au commandement, renchérit un pompier de l'Ain avec 16 ans d'ancienneté. Nous y perdrons en poste d'encadrement et en salaire ! Selon lui, le manque de personnels se fait déjà sentir sur le terrain :  Il y a quelques mois, nous avons attendu avant de monter dans un immeuble en feu car nous n'étions pas assez nombreux… Il y a eu un mort , se souvient-il douloureusement.
Depuis plusieurs mois, le climat social est tendu dans les casernes : les effectifs sont en chute libre dans le Rhône. Depuis trois ans, il n'y a pas eu d'embauches. On nous promet l'arrivée de 18 professionnels en février, ce qui ne couvrira même pas les départs en retraite, dénonce Franck Bouvier, délégué Sud. Tout cela retentit sur notre sécurité et celle de la population !
Cependant, le colonel Serge Delaigue, patron du centre départemental d'incendie et de secours du Rhône, estime que  les effectifs en place sont suffisants. Nous n'avions plus besoin de recruter depuis la réorganisation du temps de travail mise en place en 2009 , explique-t-il.