Bouygues réclame 9 millions d'€ au Canard Enchaîné

Bouygues n'a pas attendu l'ouverture de la chasse pour tirer sur le Canard :

Le géant du BTP et des télecom, entre autres, a assigné Le Canard Enchainé en diffamation et lui réclame 9 millions d'€ .

Le 7 décembre dernier, Le Canard Enchaîné révélait qu’une information judiciaire pour corruption et trafic d’influence avait été ouverte dès février pour examiner d’éventuelles malversations lors de l’attribution à Bouygues du chantier du nouveau siège du ministère de la Défense, dans le quartier Balard à Paris XVe. Il s'agit d'un projet de 3,5 milliards d’€ destiné à regrouper d’ici trois ans l’ensemble des états-majors et services centraux dans un complexe qualifié de Pentagone français.

Martin Bouygues, très contrarié, avait alors rétorqué dans Les Echos : Je suis en colère, les dégâts en termes d'image sont énormes, affirmant que son groupe était victime d'insinuations mensongères et prévenant qu'il n'hésiterai pas à se défendre

L'assignation vise donc l'hebdomadaire, Michel Gaillard, directeur de la publication ainsi qu'Hervé Liffran et Christophe Nobili, journalistes. Bouygues a par ailleurs obtenu l'autorisation d'assigner Le Canard Enchainé en urgence, à jour fixe. L'affaire sera plaidée sur le fond le 18 janvier devant la 17e chambre du tribunal de Paris.

De son côté, Le Canard Enchainé soutient dans sa dernière édition, que l'information est vérifiée, plutôt trois fois qu'une, et aux meilleures sources, et prévient qu'il a quelques biscuits dans sa musette. Louis-Marie Horeau, rédacteur en chef adjoint, explique d'ailleurs que le journal a reçu "le soutien tout à fait inattendu du procureur de la République de Paris… La somme demandée est totalement délirante, a t-il ajouté.
Dans un communiqué, Reporters sans frontières (RSF) dénonce également une volonté manifeste d'intimidation contre la presse : Bouygues vise à dissuader les journaux de reprendre l'information l'incriminant. L'association fustige les montants réclamés : 9 millions d'euros ! Que cherche l'entreprise ? La mort du journal ?