Tribunal de Saint Etienne : Jean Mercier a aidé sa femme à mourir

Jean Mercier, 87 ans, comparaît ce mardi devant le tribunal correctionnel de Saint-Etienne pour non-assistance à personne en danger.

Le 10 novembre 2011, il avait aidé son épouse Josanne, 83 ans, souffrant d’une incurable et douloureuse maladie des os, à mettre fin à ses jours et à ses souffrances.

Afin d’honorer une promesse que les époux s'était faite : le premier qui demandera quelque chose, s'il ne peut y arriver seul, sera aidé par l'autreJe sais qu’elle est partie en paix. Je n’ai jamais été aussi proche d’elle qu’à cet instant… Leur mariage a duré 55 ans !

Si je ne l’avais pas fait j’aurais eu honte moi, a confié Jean Mercier dans Le Parisien. Il affirme n’avoir jamais regretté ce geste, un acte d'humanité, qui peut lui valoir à 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende.

Après la mort de sa femme, Jean Mercier avait d’ailleurs été placé en garde à vue mis en examen pour homicide volontaire. Mais il avait ensuite bénéficié d'un non-lieu. Le juge d'instruction avait renoncé à la l’hypothèse d’un meurtre car il n’existait pas la moindre trace d'agression ou de défense sur le corps de la victime. L’affaire avaitv été renvoyée en correctionnelle. L’affaire perdure depuis 3 ans. Les premiers mois ont été les plus durs : je ne savais plus du tout où j'étais. Je n'osais pas même sortir de chez moi faire les courses. Puis, mes voisins m'ont dit on vous comprend, se souvient-il avec émotion.  Jean Mercier reçoit des centaines de lettres qui l'ont beaucoup aidé, un comité de soutien se crée.

Josanne Mercier, comme son mari adhérait à l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) Sa famille, ses voisins, son pharmacien, son médecin... tout le monde savait. Elle avait programmé un départ en Suisse, qui avait du être annulé parce qu'elle n'était plus transportable, témoigne Mickaël Boulay, l'avocat de Jean Mercier qui espère, comme son client et ses nombreux soutiens, que ce procès fera évoluer les choses pour le suicide assisté devienne légal.

Soit je suis coupable, soit je ne le suis pas

Aujourd’hui, malgré un cancer de la prostate et atteint de la maladie de Parkinson, Jean Mercier affronte la Justice sereinement : je me fiche éperdument de ce qu'il peut m'arriver ! Quand j'aurai la parole, je dirai aux juges que s'ils me pensent coupable d'avoir été lâche au point de ne pas assister mon épouse, qu'ils me condamnent sans sursis. Quitte à être condamné, je préférerais ne pas avoir de sursis, que ça fasse un foin tel que nos gouvernants s'attaquent enfin à cette question avec sérieux et compétence.

La loi sur fin de vie doit être réexaminée à l’Assemblée le 5 octobre. Il y a un énorme décalage entre l'opinion, favorable à 90 % au suicide assisté, et nos élites politiques qui refusent de légiférer, dénonce le président de l'ADMD, Jean-Luc Romero.