Marseille : Le Parc Bellevue a bloqué le chantier des Docks libres

Le programme immobilier Docks libres, 600 logements en deux ans et demi, a démarré en octobre avec une cinquantaine d'ouvriers. Le chantier devrait employer jusqu'à 200 personnes.

Nexity, le promoteur a chargé le groupe de BTP Vinci de la construction. Les travaux se déroulent sous les yeux des habitants de la cité du Parc de Bellevue, rue Félix-Pyat à Marseille (IIIe).

Ici, au moins 60 % des 18-25 ans sont au chômage, témoigne un ancien animateur du quartier. Ils sont nombreux à avoir postulé, sans succès. Chaque jour, je regarde du monde bosser… sans moi. J’ai pourtant un CAP de maçonnerie ! s'indigne un jeune homme de 20 ans. Même diplômés, ces jeunes ne sont pas embauchés. Après une carrière dans le bâtiment,Vas, 60 ans, observe, lui aussi, ce chantier avec envie : il subit aujourd’hui le chômage.. Regardez : il y a déjà trois grues et bientôt une quatrième, c’est énorme. Il y a beaucoup de travail ici. Pourquoi n’y aurais-je pas droit moi aussi ?

Depuis lundi matin, une trentaine de riverains et militants empêchent l'accès à ce site. Ils réclament que Nexity leur laisse une chance de faire leurs preuves.

Vous savez que c'est illégal, ce que vous faites, bloquer un chantier ? tente un policier, On s'en fout, on ira en garde à vue s'il le faut, riposte manifestant déterminé. La présence de travailleurs étrangers parmi les 50 ouvriers attise la colère au Parc Bellevue. Ne me dites pas que c'est normal qu'ils soient là alors que nous, on n'a pas de boulot ! explose un autre.

Ils sont appuyés par le Collectif des quartiers populaires de Marseille. Le président socialiste de la communauté urbaine, Eugène Caselli, a d'ailleurs écrit à Nexity pour solliciter un partenariat et favoriser l’insertion. Lisette Narducci, le maire PRG et Jean-Marc Coppola, conseiller régional, candidat Front de gauche (XV-XVIe), souhaitent une table-ronde en préfecture sur le sujet.

Nous n'y sommes pas opposés, mais il faut mettre l'ensemble des intervenants, y compris les pouvoirs publics, autour de la table, a déclaré Bruno Corinti, PDG de l'immobilier résidentiel chez Nexity. Tout en se déclarant atterré par ce mauvais procès, le responsable a détaillé les actions d'insertion menées par le groupe dans le cadre de cette opération. Nous avons multiplié par quatre les obligations réglementaires qui nous incombaient, a affirmé Christian Dubois, directeur régional de Nexity. Au lieu de 6 000 heures, 27 000 heures travaillées seront ainsi réservées aux habitants des zones urbaines sensibles. La mission de sélectionner les candidats a été confiée à l'association Emergence(s), chargée de l'animation du Plan local pour l'insertion et l'emploi (PLIE). Ceci est décidé depuis plusieurs mois ! Pas sous la pression médiatique de l'instant…, a-t-il insisté.