Gotlib : Gai-Luron est orphelin…

Marcel Gotlib, génial dessinateur de la Rubrique-à-Brac et des Dingodossiers, nous a quitté ce 4 décembre 2016 à l’âge de 82 ans.

Le maître en autodérision et en humour noir, avait été rebaptisé Deconum rex = roi de la déconnade, pour l'inauguration de sa statue au Festival international de bande dessinée d’Angoulême en 1992.

Gotlib était l’un des rares, sinon le seul auteur de BD à avoir sculpture, érigée à son effigie de son vivant.

Gai-Luron, le professeur Burp, Pervers Pépère le papy salace et Superdupont…

tous ses personnages sont désormais orphelins. Plusieurs générations de lecteurs inconditionnels sont dans la peine… Marcel Gottlieb est né à Paris, un jour de fête nationale : le 14 juillet 1934. Ses parents sont des émigrés hongrois.

Une carrière dans l’ironie

Puisqu’une négligence administrative a pris un T à son nom, il supprimera, lui, un E pour à en adopter son nom d’artiste  G-O-T-L-I-B !

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Marcel a 8 ans quand Ervin Gottlieb, son père, se fait arrêter sous ses yeux par la police française pendant la seconde guerre mondiale.

Dans J’existe, je me suis rencontré (Flammarion, 1993), son autobiographie, il évoquera le drame : Ervin Gottlieb sera ensuite interné à Drancy puis déporté au camp de travail de de Blechhammer puis au camp de concentration Buchenwald, où il mourra 3 mois avant la capitulation du IIIe Reich.

L’enfance de Marcel se poursuit dans un orphelinat des Yvelines où son seul réconfort est de dessiner obstinément…

Après la guerre, il suit les cours de dessin publicitaire des Arts appliqués, dispensés par Georges Pichard avant d’être embauché comme lettreur chez Edi-Monde où Marcel Gotlib dessinera des titres pour Le Journal de Mickey

En 1959, il commence par illustrer plusieurs albums pour la jeunesse et une adaptation du Général Dourakine en bande dessinée.

Puis il entre à Vaillant, l’ancêtre de Pif Gadget et crée Nanard et Jujube, la série où va naître Gai-Luron, cousin européen de Droopy, cabot flegmatique de Tex Avery, dont Gotlib est des plus grands fans… Il réalise ensuite des parodies de Tarzan ainsi que des westerns spaghettis de Sergio Leone.

Selon son ami Yves Frémion, ex-chroniqueur de Fluide glacial, mensuel fondé en 1975 par Gotlib, le talent du dessinateur, était constitué d’un heureux mélange entre humour juif new-yorkais, fantaisie anglaise et l’esprit gaulois.