Un singe fait bouger le bras d'un autre avec sa pensée

A l'aide de sa seule pensée transmise par des électrodes, un singe a réussi à faire bouger le bras d'un autre. La main d'un macaque rhésus (Macaca mulatta) paralysé provisoirement avec des anesthésiques actionne une manette pour réaliser des tâches sur commande !

L'activité cérébrale du singe maître est enregistrée par électrodes puis transmise à un ordinateur où elle est analysée. Ensuite elle est répercutée sous forme de stimulation neuronale dans la moelle épinière de l'avatar endormi. L'information sur le mouvement à effectuer, dicté par le maître est exécuté par l'avatar. L'expérience d'interface cerveau-ordinateur a été publiée mardi dans la revue scientifique Nature Communications.

Selon les chercheurs, en connectant le cerveau et les muscles d'un seul animal, le mouvement obtenu aurait pu être faussé par des signaux sensoriels provenant de contractions musculaires préservées mais chaque singe, à tour de rôle maître ou avatar, a atteint l'objectif dans 84% des cas… Nous démontrons qu'un sujet peut contrôler un bras paralysé uniquement par sa pensée explique Maryam Shanechi, co-auteur de l'étude au Cornell University's School of Electrical and Computer Engineering, Etats-Unis.

Reste à démontrer que cette réussite, basée sur l'analyse du mouvement prévu plutôt que sur sa trajectoire, peut être transposée à des patients réellement paralysés avec des muscles affaiblis à force d'être inutilisés. Ces travaux scientifiques font en effet partie d'un programme de recherche destiné à aider des millions de personnes dans l'incapacité physique d'effectuer le moindre mouvement.

Ces résultats ont d'importantes implications pour le contrôle des membres des blessés de la moelle épinière ou de prothèses chez des amputés, insiste Christopher James un autre spécialiste en génie biomédical à Warwick, Grande-Bretagne. Depuis plus de 25 ans, les scientifiques travaillent sur la conversion de la pensée en action. Au fil du temps, ils ont ainsi démontré qu'il était possible d'écrire sur un écran sans battre un cil ou encore d'actionner un robot en forme de bras articulé pour boire son café comme l'a fait en 2012 une femme devenue tétraplégique après un accident vasculaire cérébral (AVC).