Bangladesh : l'appel de M. Yunus rejeté

La Cour suprême du Bangladesh a rejeté aujourd'hui le dernier pourvoi en appel Muhammad Yunus. Le prix Nobel de la Paix 2006 contestait la décision de la Banque centrale de le licencier de la Grameen Bank.

Professeur d'économie et entrepreneur, Muhammad Yunus fonda cette institution en 1983, pour promouvoir le microcrédit à destination de la population pauvre du Bangladesh.

Aujourd'hui, la Grameen Bank dispose de près de 1 400 succursales et travaille dans plus de 50 000 villages. Depuis sa création, l'établissement bancaire a déboursé 4,69 milliards de dollars de prêts et affiche des taux de remboursement de près de 99 %. Son succès a inspiré des projets similaires à travers le monde.

Début 2011, M. Yunus est concerné par une série d'attaques issues du gouvernement bangladais. Il comparait en justice après une plainte en diffamation déposée contre lui en 2007 pour des propos tenus sur la politique au Bangladesh. Il est aussi visé par une enquête réclamée par le gouvernement concernant les pratiques financières au sein de la Grameen Bank, qui aurait détourné entre 1996 et 1998 près de 100 millions de $d’aides perçues, au bénéfice de la Grameen Kalyan, sociétésans lien avec le microcrédit. En décembre 2010, le premier ministre bangladais accuse le prix nobel de traiter la Grameen Bank comme sa propriété personnelle et affirme que la banque suce le sang des pauvres.

Depuis le 2 mars dernier, date du licenciement de M.Yunus, les messages de soutien ont afflué du monde entier. De l'Ambassade étasunienne au Bangladesh, de John Kerry, Président du Comité des affaires étrangères du Sénat des États-Unis, de Martin Hirsch, ancien président d'Emmaüs France, d'Arnaud Ventura, vice-président du groupe PlaNet Finance, ainsi que du Consultative Group to Assist the Poor (CGAP). Tilman Ehrbeck, président de CGAP et Vijay Mahajan, siégeant au conseil d'administration du CGAP, ont d'ailleurs écrit :
Nous sommes très préoccupés par la campagne des ces derniers mois et des récentes actions en justice pour évincer Muhammad Yunus de la direction de Grameen Bank [...] Le large soutien international qu'a reçu le Professeur Yunus montre le rôle important que beaucoup de pays voient aujourd'hui dans l'inclusion financière. Nous ressentons également une plus grande prise de conscience et compréhension à un niveau politique dans plusieurs pays dont ceux du G-20 - de ce que l'inclusion financière puisse contribuer au développement social et économique.