Turquie : le rejet de 12 candidats kurdes aux législatives engendre des violences

Les autorités électorales (YSK)ont interdit à 12 candidats kurdes de se présenter aux législatives du 12 juin, notamment la militante Leyla Zana lauréate du Prix Sakharov des droits de l'Homme du Parlement européen et Hatip Dicle.

Les deux ex-députés kurdes ont passé une décennie en prison (1994-2004, pour collusion avec la rébellion kurde et possèdent donc un casier judiciaire, raison invoquée pour le rejet de leur candidature.

4 000 manifestants sont aussitôt descendus dans la rue pour protester en clamant Vive le président Apo et en lançant des pierres. C'est le surnom donné à Abdullah Öcalan, chef de la réellion kurde emprisonné. La police anti-émeutes a riposté avec des bombes lacrymogènes et des canons à eau. Une vingtaine de contestataires a été arrêté. Des affrontements ont eu lieu avec la police à Diyarbakir, fief kurde au sud-est de l'Anatolie.
A Istanbul, les forces de l'ordre ont dispersé un sit-in d'une centaine de personnes sur la place Taksim. Stations de métro, bâtiments scolaires et un bureau de poste ont été pris pour cible par des groupes de jeunes en colère. Tout véhicule privé ou public passant à leur portée a reçu des jets de pierres ou un cocktail Molotov. La police a réagi en employant des grenades lacrymogènes. Une manifestation a eu lieu également à Van où il y aurait eu plusieurs blessés.

Le Parti pour la paix et la démocratie (BDP), le principal parti pro-kurde a menacé de boycotter le scrutin. C'est une décision fasciste. Nous ne pouvons prendre part à une élection injuste, antidémocratique, a réagi le chef du BDP, Selahattin Demirtas, sur NTV.
Il a exhorté les autorités à reporter les élections parlementaires. Le principal parti d'opposition, le parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) proposé que le Parlemen se réunisse rapidement pour en discuter.
Les candidats refusés disposent en principe d'un droit d'appel.
La disqualification des candidats du BDP devrait profiter au Parti de la justice et du développement issu de la mouvance islamiste et actuellement au pouvoir. Il dispose d'une grande popularité dans le sud-est turc. Cette région pauvre est depuis 1984, le lieu de rébellion armée du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).