Crimée : un passeport russe pour le gaz de la mer Noire

Dès l'annonce des résultats du référendum du dimanche 16 mars en Crimée, les autorités séparatistes ont rapidement décidé de nationaliser Chernomorneftegaz. La filiale de l'opérateur public ukrainien Naftogaz exploite localement 17 gisements : 11 de gaz naturel, 2 de pétrole et 4 de condensat de gaz. 

Le rattachement à la Russie précise d'ailleurs l'exclusivité de la zone économique en mer. La déclaration d'indépendance, votée lundi 17 mars par le Parlement de Crimée, fait donc perdre à l'Ukraine l'accès aux gisements gaziers situés de la mer Noire avec les 2 millions d'habitants de sa péninsule maritime du sud, largement pourvue de stations balnéaires.

Gazprom a déjà fait part de son intérêt : quelques jours avant le référendum des représentants du pouvoir local escortés d'hommes en armes étaient déjà venus installer leurs propres employés à la tête de Chernomorneftegaz.

Toutefois, selon Dmytro Marounytch, analyste de l'Institut des recherches énergétiques à Kiev, cette perte n'est pas critique pour l'Ukraine : tout le gaz extrait par l'entreprise va aux consommateurs de Crimée, les continentaux ne seront pas affectés, estime-t-il. En 2013, Chernomorneftegaz a en effet produit 1,6 milliard de mètres cubes de gaz, soit seulement un peu plus de 5% de la production ukrainienne. Reste que d'importants moyens avaient été investis par Kiev pour moderniser Chernomorneftegaz et doubler la production d'ici à 2015…

D'autre part, Shell, après avoir mis fin, mercredi 19 mars, aux négociations avec les autorités ukrainiennes et l'américain ExxonMobil, a annoncé se retirer définitivement du projet visant à produire du gaz naturel sur un gisement dans le nord-ouest de la mer Noire. ExxonMobil a cependant fait savoir qu'il restait intéressé mais que pour l'instant les choses étaient en stand-by, en raison des circonstances actuelles.