Bangui : 8 morts et une vingtaine de blessés lors d'affrontements

La Centrafrique s’enfonce dans l’instabilité et la violence.

Entre la désillusion de la population civile qui espérait un retour au calme grâce au gouvernement de transition, l’incompréhension face à l’attitude des militaires tchadiens et la frustration immense des anti-balaka, qui pensaient incarner les libérateurs contre les ex-rebelles de la Séléka et se retrouvent pointés du doigt.

Les habitants de Bangui ont connu hier une nouvelle matinée d'affrontements. Des tirs de mortier lourde et des explosions ont retentis dans plusieurs quartiers. Une partie de la ville était paralysée. Près de l’aéroport, où les états-major des forces française Sangaris et africaines de la Misca ont été installés, l’accès était bloqué par des barricades érigées par les jeunes du quartier et des membres des milices chrétiennes anti-balaka. 8 personnes auraient été tuées et une vingtaine blessées.

Les violences découlent d’incidents, entre membres de la milice et militaires de la Misca, survenus la veille au soir dans le secteur de Boy Rabé, l’un des principaux fiefs des anti-balaka. A l’entrée principale de la zone aéroportuaire, un militaire français a été blessé par balle mais ses jours ne sont pas en danger.

Les anti-balaka parviennent à mobiliser sur un thème simple : nous avons chassé les Séléka et maintenant on veut nous désarmer alors qu’on ne désarme pas le camp d’en face, estime Gaston Mackouzangba, secrétaire général du gouvernement de transition présidée par Catherine Samba-Panza. Il plaide pour un changement de communication de la part du pouvoir. Ce n’est pas avec une politique du silence que nous allons changer tout ça, affirme-t-il.

Par la voix de leur porte-parole, Emotion Brice Namsio, les anti-balaka, nient être à la manœuvre : Toute la population qui est mécontente. Les Tchadiens leur tirent dessus à leur passage. Nous ne sommes pas des voyous, nous demandons un retour au calme, a-t-il dénoncé.

Hier matin, la situation était tendue en raison du départ d’un convoi de musulmans vers le Tchad, escorté par l’armée d’Idriss Déby. Les Tchadiens tirent à vue sur les gens, rapporte Gaston Mackouzangba, Je ne sais pas à quoi ils jouent, mais ils jouent avec le feu, a-t-il déclaré.

Quelques heures plus tard, les représentants du gouvernement de transition, dont une ministre, venus s’adresser aux blessés et à leurs familles à l’hôpital communautaire de Bangui, en sont repartis précipitamment sous les huées de la foule. Mon fils a reçu une balle perdue alors qu’il était simplement assis près de notre concession, raconte une mère de famille. On n’a plus rien à manger dans les quartiers, on souffre. Et qui va soigner mon fils ? Que fait le gouvernement ? Ils nous disent que les Blancs de l’hôpital vont le soigner. A quoi servent-ils alors ? S’ils sont incapables de nous gouverner, qu’ils démissionnent !

Le conflit entre miliciens anti-balaka et ex-rebelles de la Séléka, né du coup d’État du 24 mars 2013, est à l'origine d'affrontements violents qui ont causé plus de 2 000 morts et un million de déplacés.

Malgré le déploiement des forces internationales Sangaris et Misca, l’axe routier entre le Cameroun et la Centrafrique n’est pas encore suffisamment sécurisé pour faire circuler des camions de vivres. Les commerce musulmans désertent la ville, victimes de l’épuration confessionnelle. L’inflation est croissante et les stocks se vident. La population est totalement démunie et affamée.