Urgences : des médicaments délivrés sans ordonnance par les pharmaciens, légalement ?

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Thomas Mesnier, député LREM de Charente et rapporteur du projet de loi Santé, a déposé un amendement pour que les pharmaciens puissent délivrer en urgence des médicaments prescrits sur ordonnance.

Un texte similaire avait été rejeté à l'automne dernier, lors du vote de la loi de financement de la Sécurité sociale.

Des syndicats de médecins avaient alors jugé que les pharmaciens n’avaient pas à établir un diagnostic. En cas d'erreur, la santé des patients serait mise en danger, arguaient-ils. En revanche, une telle solution de dépannage, notamment dans les déserts médicaux, est plutôt bien accueillie du public : Les pharmaciens ont fait assez d’études pour être capables de savoir ce qu'ils peuvent donner, évalue une patiente.

Le projet doit être débattu à l'Assemblée nationale au mois de mars. Portée cette fois-ci par la majorité, la proposition a de grandes chances d'être adoptée…

En cas d’urgence, si le médecin traitant n'est pas disponible, il n’y a souvent pas d'autre solution que d'aller aux urgences !, déplore Carine Wolf-Tahl, pharmacienne à Rouen et présidente de l'ordre des pharmaciens, à l'origine du principe.

Nous proposons que les pharmaciens puissent délivrer un médicament qui est normalement prescrit par un médecin dans le cas par exemples de cystite, conjonctivite, dermatite inflammatoire … explique-t-elle. Dans la vraie vie, ça arrive ...

Des pharmaciens délivrent parfois sans l'ordonnance, rappelle encore Carine Wolf-Tahl. C'est justement pour encadrer ces pratiques par des règles strictes en accord avec les médecins traitants et ainsi répondre à la demande de manière légale que nous souhaitons cet amendement, insiste-elle.

La liste des pathologies et des médicaments concernés n'est pas établie que les voix de médecins s’élèvent déjà : ça peut être plus grave que ça en a l'air, fustige le Docteur Jacques Battistoni, président du syndicat des généralistes de France. Nous craignons clairement pour la sécurité du patient, justifie-t-il.