Maroc : Hajar Raissouni libérée et graciée par Mohamed VI

Hajar Raissouni, journaliste emprisonnée au Maroc pour avortement illégal et relations sexuelles hors mariage a été libérée ce 16 octobre.

Elle avait été condamnée début septembre à une peine de 1 an mais a été graciée, ainsi que son fiancé, un médecin et 2 de ses collègues, par le roi Mohamed VI, sous la pression internationale, indignée… La décision a été motivée par la compassion et le souci de la monarchie de préserver l'avenir des fiancés qui comptaient fonder une famille conformément aux préceptes religieux et à la loi, malgré l'erreur qu'ils auraient commise, a justifié le ministère de la Justice, dans un communiqué.

La libération d’Hajar a été bien sûr accueillie avec soulagement par les défenseurs des droits humains. L’affaire a eu un retentissement considérable et il s’agit surtout d’une réponse à la pression sur le régime marocain.

Des arrestations similaires étaient déjà survenues mais n’avaient pas connu le même retentissement et donc la même heureuse issue.Tous ceux qui ont condamné cette arrestation ont contribué à cette victoire, sur le  plan humain. En revanche, rien n’indique qu’une évolution progressiste de la loi est susceptible de s’ensuivre…

 Ce n’est certainement pas la grâce qui va entraîner la dépénalisation de l’avortement. Mais l’ampleur médiatique pourrait peser et alimenter la prise de conscience des Marocaines et des Marocains. Le débat autour de l’avortement avait été déjà abordé lors du vote de la Constitution en 2011 sans toutefois être considéré comme une priorité.


Jusqu’à présent, celles qui étaient arrêtés pour avortements illégaux venaient des quartiers populaires. De très jeunes filles qui avaient l’habitude de se taire… Il y avait donc peu de mobilisation. Et, contrairement à la Constitution tunisienne, le Maroc se réserve encore le droit d’intervenir dans la liberté de conscience de ses citoyens. En tant que commandeur des croyants, le roi ne peut pas permettre à ces derniers de ne plus être croyants, sinon qui va-t-il commander ?

Ce n’est donc pas parce que Mohammed VI ne veut pas aller dans le sens d'un progrès sociétal mais  politiquement cela ne l’arrange pas.

La loi contre l’avortement** est instrumentalisée contre l’opposition. Si le Maroc était un pays démocratique, il y aurait eu un audit autour de cette arrestation. Le non respect de la procédure d’enquête et la violation des Droits de la journaliste auraient fini par se voir ! Hajar Raissonni a quand même été obligée de subir un examen gynécologique, ce qui relève de la torture au sens juridique.

Quand le roi gracie, il sauve également la peau de la police et de la justice en tant qu’instruments de contrôle. Piliers de l’autoritarisme, ils s’en sortent indemnes ! Bien qu’ils aient porté humainement atteinte à journaliste, qui dérangeait le pouvoir…  Et ceux ont la charge d’appliquer la législation sont au-dessus d’elle.

Débattre uniquement de la législation sur l’avortement donc n’est pas suffisant…


*à l’image des signataires de la tribune lancée par Leïla Slimani

**une loi scélérate qui doit disparaître, évidemment