Maroc : Procès d’Hajar Raissouni pour avortement. Des centaines de manifestants …

Poursuivie pour avortement illégal, la journaliste marocaine Hajar Raissouni se retrouve ce 9 septembre devant tribunal de Rabat.

Selon les termes du code pénal marocain qui sanctionne les relations sexuelles hors mariage et l'avortement quand la vie de la mère n'est pas en danger, Hajar Raissouni, 28 ans, reporter pour le quotidien Akhbar Al-Yaoum, risque jusqu'à 2 ans de prison !

Plusieurs centaines de personnes indignées sont venues la soutenir et se sont mobilisées pour la défense du droit des femmes à disposer de leurs corps et plus généralement pour le respect des libertés individuelles ainsi que celui de la vie privée au Maroc.

Liberté pour Hajar… Non à la criminalisation des relations sexuelles entre adultes consentants, revendiquaient les banderoles. Notre société est en danger, clamaient des militantes féministes.

La foule était si importante que police a dû filtrer l'accès au bâtiment. La demande de mise en liberté d'Hajr Raissoni a été refusée ! Et l'audience a été reportée au 16 septembre…

En 2018, la justice marocaine a poursuivi 14 503 personnes pour débauche, 3 048 pour adultère, 170 pour homosexualité et 73 pour avortement, selon les chiffres officiels. Mais 600 à 800 avortements clandestins sont pratiqués au Maroc, chaque jour, estiment estimations d'associations.

Nous sommes ici pour dénoncer les lois discriminatoires a déclaré Samira Muheya, vice-présidente de la Fédération des ligues des droits des femmes (FLDF). Avorter est une décision personnelle, a-t-elle martelé. Selon Human Right Watch, les arrestations pour avortement au Maroc concernent les praticiens mais beaucoup plus rarement les patientes…

Faire avorter le journalisme

Hajar Raissouni assure avoir été soignée pour une hémorragie interne. La reporter dénonce une affaire politique ainsi que le harcèlement des autorités.

La jeune femme a été arrêtée le 31 août devant un cabinet médical de Rabat en même temps que son fiancé, un universitaire soudanais qu'elle devait épouser. Elle a été conduite en prison ! 

Ce qui arrive à Hajar Raissouni relève de la barbouzerie, non du code pénal, a fustigé le journaliste Omar Radi.

Le pouvoir utilise tous les moyens pour faire taire les gens, et surtout les moyens les plus immoraux et condamnables, insiste-t-il en appelant au soulèvement et à la résistance.

Son arrestation n'a rien à voir avec sa profession de journaliste, rétorque le parquet qui affirme que son interpellation est intervenue dans le cadre d'une enquête judiciaire visant ce cabinet médical. Le médecin généraliste, un infirmier et une secrétaire ont également été arrêtés et placés en détention préventive.


Vous, obscurantistes, êtes en train de prendre le Maroc de la modernité en otage, écrit Tahar Ben Jelloun dans Le Point. L’écrivain réclame la libération immédiate d’Hajar Raissouni