Istanbul : Ekrem Imamoglu, opposant à Erdogan, élu maire à + de 53%

2 mois après un premier scrutin annulé, Ekrem Imamoglu, 49 ans, le candidat de l'opposition, a remporté une nouvelle fois la mairie d’Istanbul aux municipales de ce 23 juin. Aujourd’hui, 16 millions de Stambouliotes ont restauré notre foi en la démocratie et notre confiance en la justice, a célébré Ekrem Imamoglu après sa victoire incontestable.

 Il a estimé que c’était un nouveau début pour la Turquie

Issu du CHP, Parti républicain du peuple, kémaliste et laïc, il avait déjà remporté l'élection municipale le 31 mars avec 13 000 voix d'avance mais l’élection avait été annulé quelques jours plus tard pour irrégularités.

Ekrem Imamoglu avait jugé cette décision injuste et illégale mais

durant la nouvelle campagne, il s'était gardé d'attaquer frontalement le président Erdogan.

Binali Yildirim, 63 ans, candidat de l'AKP*, parti au pouvoir, a concédé sa défaite en début de soirée. Ancien Premier ministre, il a bénéficié du soutien total d'Erdogan présente le résultat de l'élection à Istanbul comme une question de survie pour la Turquie. Qui gagne Istanbul gagne la Turquie…, a toujours répété le chef de l'État.

Selon les résultats, mon rival Ekrem Imamoglu mène la course. Je le félicite et je lui souhaite bonne chance. J'espère qu'il servira bien Istanbul, a déclaré Binali Yildirim.

C’est également un revers cinglant pour Recep Tayip Erdogan, maire de la ville dans les années 1990 mais le président a adressé un tweet à Ekrem Imamoglu pour sa victoire signifiant que cette fois, acceptait le résultat.  Je félicite Ekrem Imamoglu qui a remporté l'élection a-t-il écrit.

Pourtant, ce 18 juin, le président Erdogan avait encore accusé Ekrem Imamoglu d'être un menteur et d'avoir des liens avec Fethullah Gülen, prédicateur réfugié aux États-Unis et considéré comme un terroriste par la Turquie.

Le CHP a gagné pour la première fois depuis des décennies dans certains districts d’Istanbul, comme à Fatih, fief de l’AKP. C’est la première fois de ma vie que l’AKP n’est pas au pouvoir à Istanbul. Je ne peux pas décrire ce que je ressens, témoigne un militant de 21 ans. Pour lui la victoire est davantage celle de Ekrem Imamoglu, personnalité rassembleuse et dynamique originaire de Trabzon sur la mer Noire. Notre gouvernement actuel est en panne, ajoute-t-il. Je suis sûr qu’on aura des élections anticipées dans deux ans et qu’Ekrem Imamoglu sera président, assure-t-il confiant.


*Parti de la justice et du développement AKP, islamo-conservateur, à la tête de la ville depuis 25 ans.