Flamenville : l’EPR coûtera 1,5 milliard d’euros…de plus !

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Ce 9 octobre, EDF a annoncé un nouveau surcoût de 1,5 milliard d’€ pour le projet de L’EPR de Flamenville (50). Le réacteur de 3 e génération coûtera ainsi au total 12,4 milliards d’€…

Amorcée en 2007, la construction, devait initialement être connecté au réseau électrique en 2012, et coûter environ 3,5 milliards d’€.

En fait, il ne démarrera pas avant 2023, au plus tôt…

A l’origine de ce énième dépassement budgétaire, des soudures défectueuses…repérées en avril 2018. 8 d’entre elles traversent la double enceinte en béton du bâtiment réacteur, un endroit crucial pour assurer la sécurité.

Début 2019, EDF a tenté de convaincre pendant des mois l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qu’elle pouvait s’abstenir de refaire ces soudures non conformes et maintenir les délais.

Mais au printemps, l’ASN a jugé qu’elles ne correspondaient pas au cahier des charges d’origine et a demandé à l’électricien de les reprendre entièrement…

En juillet, Bernard Doroszczuk, président de l’ASN, entendu par les parlementaires sur ce dossier avait estimé qu’EDF avait cherché à se justifier techniquement plutôt que de réaliser la réparation de ces équipements.

A EDF, en revanche, bien qu’on affirme respecter les décisions de l’ASN, on ne cache pas son agacement : L’ASN ne gère plus la sûreté mais des procédures, a fustigé un cadre  excédé.

Afin de réparer les soudures concernées, EDF a retenu l’utilisation de robots opérant à distance. Ce qui permettrait de ne pas détruire le béton autour des conduites concernées. La technologie est déjà utilisée sur le parc nucléaire existant mais l’ASN doit la valider pour cette opération. Mais la décision ne devrait pas intervenir avant … l’automne 2020 ! C’est seulement après cela que les travaux pourraient commencer…

Si l’ASN ne validait pas cette solution, EDF prévoit un plan B, évalué à 400 millions d’€ de plus et entrainant un retard supplémentaire d’un an.

Ce problème de soudures n’est hélas pas le premier sur construction de l’EPR de Flamanville. En 2014, des anomalies avaient été découvertes sur la composition de l’acier du fond et du couvercle de la cuve. A la demande de l’ASN, il devrait être remplacé, avant la fin 2024. C’est-à-dire peu après la date espérée de mise en service…

De surcroît, EDF a fait part début septembre de défauts de fabrication «sur certaines soudures de générateurs de vapeur. Il s’agit de composants essentiels des centrales…

Les 4 générateurs du réacteur EPR sont concernés ! Sur ce sujet, l’ASN ne s’est pas encore prononcée…

Un avenir compromis

Dans le même temps, EDF a également révélé une augmentation de 3,3 milliards d’€ pour les 2 EPR en construction sur le site de Hinkley au Royaume-Uni. A ce jour, seules les 2 centrales de dernière génération de Taïshan, en Chine, ont été mises en service…

Tout cela fragilise l’avenir de toute la filière nucléaire française.

EDF doit présenter en 2021 un dossier pour de nouveaux réacteurs de 3e génération. Mais le gouvernement ne souhaite pas s’engager tant que le réacteur de Flamanville n’a pas démarré. Ce retard repousse donc toute décision après-présidentielle de 2022.

EDF doit aussi répondre fin octobre à Bruno Le Maire, qui a commandé en juillet un rapport sur Flamanville à l’ancien président de PSA. Le ministre de l’économie, bien qu’un des plus favorables au nucléaire au sein de l’exécutif, a estimé toutes ces dérives inacceptables ! EDF ne doit pas se comporter en Etat dans l’Etat, a-t-il martelé. Sur ce dossier, il pense qu’on ne lui dit pas la vérité et il est exaspéré, a résumé son entourage.