Irak : manifestations contre le gouvernement. Au moins 40 morts… et des milliers de blessés

Depuis le 1 er octobre, 4 000 personnes manifestent leur opposition au gouvernement d'Adel Abdel-Mahdi.

Elles sont descendues dans les rues de Bagdad la capitale ainsi qu’à Nassiria et Amara, dans le sud de l’Irak, ou encore à Najaf et Hilla… pour dénoncer la corruption, la dégradation des services publics et le chômage.

Ils réclament notamment la fin de la pénurie d’électricité et d’eau potable. En 16 ans, la corruption a englouti plus de 410 milliards d’€.

Du temps de Saddam Hussein, le secteur public absorbait tous les diplômés de l’université mais il recrute plus : le chômage touche un jeune sur 4. Les diplômés sans emploi avaient déjà organisé de nombreux  sit-in… dans l’indifférence générale.

Désormais, si les jeunes sont en première ligne de la contestation, ils ont entraîné dans leur sillage tous ceux qui fustigent les dirigeants véreux.

La répression est sévère : un couvre-feu a été instauré et les rassemblements sont dispersés par les forces de l’ordre dispersées à l'aide de gaz lacrymogène ou de canons à eau mais aussi par des tirs à balles réelles. Selon des sources policières et médicales citées par Reuters, il y aurait 44 morts et plusieurs centaines de blessés…

Ni politiciens ni religieux

Les manifestants irakiens conspuent désormais ensemble dirigeants véreux et État incapable de pourvoir la jeunesse en emplois. Dans un pays rongé par la corruption et  le clientélisme, ils s’élèvent contre la récupération politique. C’est un mouvement populaire, non politisé et qui n’est lié à aucun parti ni tribu, s’enthousiasme un protestataire de Bagdad.  Il n’y a pas de leader ! On est tous des jeunes, on est tous au chômage, résume uj jeune homme qui loue la force de ses bras à la journée faute de situation stable.

Notre problème numéro un, c’est la corruption, elle nous a tués, insiste un ancien militaire. On ne veut pas de partis politiques, de dignitaires ou de chefs religieux, martèle-t-il.

Du gouvernement et des politiciens, on n’obtient que des mensonges et des promesses jamais tenues. Les partis nous ont volé tous nos rêves, fustige une manifestante de 46 ans. Il n’y a pas de place pour les pauvres dans ce pays, résume-t-elle.

Les rassemblements de ces derniers jours auront démontré que la croyance que seul Moqtada Sadr* et ses partisans peuvent faire descendre les gens dans les rues est bien un mythe… , confirme Fanar Haddad, chercheur, spécialiste de l’Irak. Scander le peuple veut la chute du régime n’a pas la même résonance dans un pays où les postes sont attribués en fonction des confessions des dirigeants, observe-t-il. Mais, selon le chercheur cette indépendance du mouvement, où les appels à manifester se retrouvent sur les réseaux sociaux, est à double tranchant. D’un côté, la rue a pris conscience de son poids mais personne ne sait vers où va cette vague qui s’étend de quartier en quartier et de ville en ville…conclut-il.

*Le précédent mouvement social d’ampleur remonte  en 2016. Mené par Moqtada Sadr, il avait paralysé la Zone verte de Bagdad…

D’ailleurs, quand Moqtada Sadr a appelé ce 2 octobre à une grève générale, il a tenu à préciser qu’il ne voulait pas transformer des manifestations populaires en mobilisations partisanes !