Policiers : une marche de la Colère à Paris

Union sacrée inédite depuis 2001* : presque tous les syndicats de policiers, tous corps et tous grades confondus, ont appelé à la mobilisation ce 2 octobre pour manifester leur ras le bol à Paris lors d’une marche de la colère.

De la place de la Bastille pour rejoindre celle de la République, ils étaient 22 000 à dénoncer les horaires dépassés et non rémunérés, un manque de moyens et une hausse des suicides qui aboutissent à un épuisement généralisé dans la profession notamment lié aux rassemblements hebdomadaires des Gilets jaunes, au cours desquels la police a souvent été mise en cause pour violences…

Les manifestants revendiquent l'amélioration de la qualité de vie au travail, une véritable politique sociale pour les agents du ministère de l'Intérieur, une réponse pénale réelle, efficace et dissuasive ainsi qu’une future loi d'orientation et de programmation ambitieuse.

Ils entendent également exprimer leur opposition à la réforme de leur régime de retraites. Les policiers craignent la remise en cause de leur système de bonifications.

Saturation profonde

Nous sommes venus ici pour nous battre pour nos conditions de travail, et surtout pour rendre hommage à nos collègues qui ont mis fin à leurs jours**, un policier de 24 ans de la Brigade des réseaux transiliens. C'est un ras-le bol, résume un collègue de Montpellier 54 ans. On remet en cause la réforme des retraites, les politiques, les médias, le traitement des affaires, explique-t-il. Pour nous il n'y a jamais de présomption d'innocence ! fustige-t-il. Tous les syndicats ont conscience que la police est malade, confirme David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN-Unsa). On est au-delà des moyens : une enveloppe budgétaire ne réglera pas tout !, insiste le syndicaliste qui souligne aussi le contexte de craintes relatif aux réformes des retraites et de la fonction publique.

Les propos du ministre de l’Intérieur, assurant qu'il défendrait jusqu'au bout la spécificité du statut des forces de l'ordre, sont loin d'avoir apaisé les inquiétudes…

Nous voulons une position ferme et définitive du gouvernement, réclame Yves Lefebvre, secrétaire général d'Unité-SG-FO. Monsieur Castaner n'a pas toutes les cartes en main. Il joue une partie de poker avec Matignon qui détient les cordons de la bourse et l'Élysée, relève-t-il. Il y aura une modification de leur régime comme pour tous les Français, mais il y aura la prise en compte de la dangerosité de leur métier de policier a d’ailleurs déclaré le ministre de l’Intérieur sur France 2… en insistant sur la différence entre ceux qui sont dans un métier dangereux et l'ensemble des fonctionnaires du ministère de l'Intérieur qui ne sont pas confrontés aux mêmes réalités.

Depuis un an, On sait que les policiers ont été mis à rude épreuve, reconnaît le ministère de l’intérieur qui met aussitôt en avant une augmentation de 4 % du budget prévue pour 2020, soit 552 millions d'€ supplémentaires consacrés aux personnels des forces de sécurité depuis 2018 et fait également valoir la hausse de plus d'un milliard d'€ du budget de la Police nationale depuis le début du quinquennat ainsi que la promesse du recrutement de 10 000 policiers et gendarmes sur l'ensemble du mandat.

Enfin, le ministère a fait valoir la forte mobilisation sur la question des suicides et la volonté de défendre la police contre la critique permanente

 

*La mobilisation avait suivi le meurtre de 2 policiers au Plessis-Trévise (94) par un braqueur récidiviste lors d'un cambriolage qui avait fini en fusillade…

** 52 policiers ont mis fin à leurs jours en 2019.