Bourgtheroulde (27) : première étape du grand débat national

Emmanuel Macron a choisi cette commune de l'Eure de 3 800 habitants lancer ce 15 janvier le grand débat national.

Le président se rend sur le terrain avec l'espoir répondre à la colère exprimée depuis 2 mois et résoudre la crise qui a ébranlé son quinquennat.

Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales et Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État à la transition écologique et solidaire sont chargés de remplacer Chantal Jouanno pour le pilotage du débat. Les ministres de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault et de l’Economie, Bruno Le Maire, seront également présents. La consultation nationale doit se tenir jusqu'au 15 mars.

Située à 30 km au sud-ouest de Rouen, Grand Bourgtheroulde est le résultat de la fusion de 3 villages. Ici, la voiture est indispensable et le mouvement des gilets jaunes a forcément eu un écho particulier.

Ni élection, ni référendum

C'est une représentation de la France dite périphérique. 8/10 habitants travaillent sur la métropole de Rouen, explique Vincent Martin, le maire.

A 15h, le chef de l'État débattra dans un gymnase de la ville avec 600 maires venus de toute la Normandie mais aucun dialogue n'est prévu avec les habitants. Pourtant les attentes sont grandes : augmentation du pouvoir d'achat des retraités et du Smic font partie des priorités comme en témoigne les cahiers de doléances que  Vincent Martin s'est engagé à remettre en main propre au chef de l’Etat.

Le président et le Premier ministre ont assuré que la grande concertation serait suivie d'effets mais ils ont également fixé des lignes infranchissables, notamment en excluant un rétablissement de l'ISF comme le réclament les Gilets jaunes. En revanche et à la surprise générale, le chef de l'État a ouvert l’éventualité d’instaurer des quotas migratoires, mesure défendue par la droite de Nicolas Sarkozy à François Fillon en passant par Nicolas Dupont-Aignan mais rejetée jusqu'à présent par le gouvernement.

Afin de garantir la transparence et l'impartialité, le Edouard Philppe a annoncé qu'un collège de 5 personnalités serait mis en place. La prise en compte des positions exprimées est l'un des points clés puisque les Gilets jaunes et une partie de l'opposition dénonçant un enfumage, mettent en doute la sincérité de l'opération.

L’exercice est inédit et périlleux : S'il rate cette étape, les dégâts, pour lui comme pour le pays, seront considérables, s'inquiète Jean-Marcel Bouguereau de La République des Pyrénées. Cette consultation républicaine (...) permettra d'améliorer un peu notre démocratie, a envie de croire Jean-Michel Servant, rédacteur en chef du Midi Libre.

Prise de conscience…

Les manifestations des Gilets jaunes ont commencé le 17 novembre 2018. Un mouvement, hétéroclite et sans leader défini, a pris de court le gouvernement. Les images de violences et des actes de dégradation ont fait le tour du monde.

Début décembre, Emmanuel Macron a annoncé 10 milliards d'€ de mesures en faveur du pouvoir d'achat. Depuis, le président tente de reprendre la main et hausse le ton contre les casseurs.

Dans une lettre aux Français diffusée ce 13 janvier, le chef de l'État a fixé le cadre de la consultation avant de recevoir à l'Élysée une quinzaine de maires de communes rurales qui lui ont remis les doléances exprimées par les Français.

En prévenant qu'il serait attentif aux mesures qui seront prises à l'issue du débat, Vanik Berberian, président de l' AMRF (Association des maires ruraux de France) a salué une prise de conscience d'Emmanuel Macron.