Benalla : passeports diplomatique et échanges avec Macron ?

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Alexandre Benalla a affirmé à Mediapart qu'il avait régulièrement échangé avec le président Macron sur la messagerie Telegram.

Des échanges du même type qu'il avait déjà avec le chef de l'État lorsqu’il était son homme de confiance à l'Élysée.

La présidence avait pourtant assuré ne plus entretenir aucun contact avec l'ancien conseiller licencié cet été suite à sa mise en cause pour violences le 1er mai…

Ça va être très dur de démentir parce que tout est sur mon téléphone portable, a déclaré Alexandre Benalla..

Souvent sur le mode : comment tu vois les choses, à propos des Gilets jaunes, des considérations sur tel ou untel ou des questions de sécurité, a-t-il détaillé. Il ajoute aussi avoir échangé de manière régulière avec d'autres membres de la présidence… jusqu'aux révélations de Mediapart sur son utilisation d'un passeport diplomatique pour des voyages d'affaires en Afrique où il a effectué plusieurs voyages en Afrique pour rencontré des dirigeants.

Il assure avoir toujours rendu compte de ses faits et gestes au président ou à son entourage : Je rapporte que j'ai vu telle personne, je détaille les propos  et leur nature, explique-t-il. Après, ils en font ce qu'ils veulent. Y compris le président de la République, qui est informé en direct, assure Alexandre Benalla. Or, l'Élysée avait précisément insisté sur la fait que l’ancien conseiller de la présidence n'était pas un émissaire, officiel ou… officieux.

Après cela, le ministère des Affaires étrangères a saisi le procureur de la République qui a ouvert une enquête pour usage sans droit de passeports diplomatiques.

Là, le lien est coupé, admet Alexandre Benalla qui dit vouloir du bien à Macron… Je suis un élément extérieur qui veut du bien au mec qui lui a fait confiance, affirme-t-il cependant. J'aurais pu claquer la porte et passer à autre chose. Mais on continue à me solliciter, alors je répondCela dérange un certain nombre de personnes, puissantes, qui font comme si le président était sous curatelle. Ils lui font faire des conneries phénoménales, fustige-il encore.

Selon lui, une personne de l'Élysée lui a rendu, dans une rue voisine, début octobre, des effets personnels et ses passeports diplomatiques avec pour seule consigne tu ne fais pas de bêtises avec… Si on ne veut pas que je les utilise, il n'y a qu'à les désactiver ces passeports !, plaide-t-il, précisant les avoir utilisés pour entrer dans une dizaine de pays depuis l'automne. Quand vous voyagez à l'étranger avec un passeport diplomatique, l'ambassade de France est forcément au courant que vous arrivez, rappelle-t-il.

L'Élysée n'a pas tardé à répliquer et à accuser Alexandre Benalla d'entretenir tout un faisceau de contrevérités et d'approximations pour se venger de son licenciement pour faute grave. Nous ne souhaitons pas poursuivre ce dialogue par presse interposée, a insisté la présidence ce 31 décembre.

Sur les faits, le palais présidentiel a assuré n’avoir été informé que le 20 décembre d’une partie des déplacements d’Alexandre Benalla, soit après que des journalistes aient appris son déplacement au Tchad. À propos des passeports diplomatiques, l'Élysée a laissé entendre que l'ex-chargé de mission ne les avait jamais rendus et avoir procédé depuis son licenciement à toutes les diligences pour récupérer les documents.

Il revient à la justice de donner suite à l'éventuelle utilisation de ces passeports diplomatiques par Alexandre Benalla depuis son départL'Élysée n'en avait pas connaissance avant que la presse ne le révèle, a-t-on  souligné.

Contrairement à ses allégations ou insinuations, M. Benalla n’a bénéficié d’aucune indulgence particulière de la part du Quai d’Orsay pour la détention et l’utilisation de ses passeports diplomatiques, a dénoncé de son côté le ministère des Affaires étrangères qui, dans un communiqué, assure, avoir effectué plusieurs démarches pour que M. Benalla restitue ses passeports, en liaison permanente avec la Présidence de la République

L'opposition demande des comptes

Le début des ennuis d'Emmanuel Macron date du jour où a éclaté l’affaire Benalla, un inconnu au bataillon, surgit comme un mauvais génie pour faire dérailler le système, avec un parfum de scandale.

Depuis le départ, le palais se perd entre incohérences et inexactitudes, ce qui alimente le feuilleton… de l’été. L’opposition s’en empare. Tandis que la première commission d’enquête à l’Assemblée nationale s’enlise Benalla, qui a roué de coups un manifestant à Paris le 1er mai, est mis en examen pour violences en réunion.

Les vacances arrivent... et une nouvelle commission d’enquête du Sénat est programmée le 19 septembre. Revoilà l’affaire Benalla dont lui-même jette de l'huile sur le feu. Exaspéré, il annonce en par la voix de son avocat qu’il refuse de se rendre à la convocation de la commission parlementaire : mis en examen, il estime en effet ne devoir des comptes qu’à la justice. Dans le système de la Ve République, la justice est indépendante et s’impose constitutionnellement au nom de la séparation des pouvoirs.

Sous le feu de la critique Alexandre Benalla constate son erreur. Sans doute poussé par l’Élysée, le jour-même il change d’avis et annonce sa venue. Il commence par traiter Philippe Bas,  président de la commission du Sénat, de petit marquis. Et il accuse les sénateurs de vouloir instruire un procès politique à Emmanuel Macron

Pourtant devant le Sénat, Alexandre Benalla apparaît en bedeau de sacristie repenti. Tiré à 4 épingles, le jeune homme se confond en excuses, notamment en direction de Philippe Bas : Bien sûr, je tiens en très haute estime cette noble institution qu’est le Sénat assure-t-il. Le président de la commission savoure ce moment. Souriant, il envoie ses questions les plus incisives sur le ton policé de la conversation de salon pendant plus de 2h…

Benalla s’exprime bien, même si parfois, il élude en commençant par dire Je vais être précis. Les sénateurs recadrent.

On apprend qu'Alexandre Benalla était une sorte de couteau suisse. Il s’occupait de l’organisation des déplacements nationaux privés du Président, d’évènements à l’intérieur de l’Élysée et aussi du renouvellement du parc automobile. Entre toutes ces tâches, avait-il le temps d’aller retourner les steaks au restaurant de l’Élysée ? En retour, l’homme à tout faire cédait à certains caprices octroyés comme privilèges du pouvoir :  disposer d’un badge H à l’Assemblée nationale pour avoir accès à la salle de gym… par exempe. Il affirme ne pas avoir été garde du corps du président mais reconnaît avoir demandé un port d’arme pour sa sécurité personnelle".

Finalement, malgré les absurdités et autres imprécisions Alexandre Benalla aura plutôt retourné les choses en sa faveur : un bad boy devenu un modèle JHBSTR (Jeune homme bien sous tous rapports…). Comme si en voulant l’anéantirr, les sénateurs de l’opposition l’avaient réhabilité, contre le gré !