Amiens : le procès Good Year au Zénith

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Le procès des licenciés de Goodyear débute ce 4 octobre à Amiens. Exceptionnellement, c’est le Zénith de la ville qui fait office de salle d'audience des prud'hommes pour accueillir les 832 ex-salariés. Ils attaquent le géant du pneumatique pour licenciement sans cause économique réelle et sérieuse, après la fermeture de l'usine d'Amiens-Nord en 2014.

La justice est peut-être l'une des dernières autorités à pouvoir infliger une sanction aux responsables de ces désastres sociaux, veut croire Fiodor Rilov, l’avocat des ex-Goodyear. Nous espérons que le conseil des prud'hommes d'Amiens répondra : Non ! C'est interdit de licencier des centaines de salariés quand, en même temps, on fait des profits gigantesques…

En effet, le jour où les lettres de licenciement ont été envoyées, le groupe affichait des profits records : près de 2,5 milliards de $ !

Dans la salle de congrès Mégacité, des anciens employés de Whirlpool sont également venus les soutenir ainsi que le candidat de NPA à la présidentielle 2017, Philippe Poutou, venu de son usine Ford en Gironde, qui doit fermer dans les prochains mois…

Tous dénoncent les licenciements des multinationales… sans motif économique réel, accomplis avec le laissez-faire des gouvernements successifs !

L’avocat des Good Year espère des indemnités qui, en tout état de cause, seront loin de pouvoir compenser le préjudice qui est tombé sur la tête de ces centaines de familles. Même si la justice n'est que symbolique. C'est absolument fondamental dans le contexte dans lequel nous sommes aujourd'hui où, au lieu de dénoncer ce type de restructuration, on a plutôt l'impression de chercher à les encourager au plus haut sommet de l'Etat, insiste Maître Rilov.

Ça fait 10 ans que les salariés de Goodyear se battent. Ils ont réussi à empêcher la fermeture de leur usine pendant 7 ans, entre 2004 où le projet de restructuration a été présenté et 2014, où Amiens-Nord a effectivement fermé… Leur principal objectif est de faire reconnaître que ce qui s'est passé à Amiens, et ce que des millions d'autres salariés subissent dans ce pays : un licenciement pour que quelques actionnaires fassent davantage de profits ! Un type de gestion est absolument scandaleuse…

M. Macron a intégré dans le Code du travail un certain nombre d'articles qui permettraient à Goodyear de faire aujourd'hui ce qu'il a fait en 2014 et qui était, à l'époque, totalement interdit, rappelle l’avocat.

4 ans après, les 832 anciens salariés qui se retrouvent aux prud'hommes aujourd'hui se sentent évidemment mal parce qu'ils ont perdu leur travail mais ils vont bien, car ils continuent leur combat. Cette force collective est là et va peser sur le cours des débats, conclut Fiodor Rilov.

Le verdict est attendu pour le mois de mai 2019…