Ministère de l’Intérieur : départ de Gérard Collomb, Edouard Philippe à l’intérim

Après l’avoir tout d’abord refusée, Emmanuel Macron n’a eu d’autre choix que d’accepter la démission de son ministre de l’Intérieur.

Comme il l’a annoncé le mois dernier Gérard Collomb entend reconquérir la mairie de Lyon en 2020.

Initialement, il comptait rester place Beauvau jusqu'après les européennes de mai 2019 mais de nombreuses voix, dans l'opposition ainsi qu’au sein de son propre ministère, se sont élevées pour réclamer son départ…

En attendant la nomination d’un successeur, c’est le Premier ministre Édouard Philippe qui assurera l’intérim, a annoncé l'Élysée en précisant que le Conseil des ministres de ce mercredi 3 octobre à partir de 10h, aurait lieu avec le gouvernement ainsi constitué…

Édouard Philippe a du annuler un voyage officiel prévu en Afrique du Sud les 4 et 5 octobre, a fait savoir Matignon. Dans un entretien accordé au Figaro, Édouard Philippe a indiqué qu'il proposerait au chef de l'État les décisions qui s'imposent

Selon son entourage, le président conserve toute son amitié à de Gérard Collomb et trouve regrettable qu’il se soit mis dans la situation le conduisant à devoir démissionner.

Gérard Collomb et Emmanuel Macron : de la relation fusionnelle à la rupture

Dès son élection, Emmanuel Macron, qui s'est hissé en quelques mois à la présidence de la République avant d’avoir fêté ses 40 ans, avait offert l’Intérieur, ministère d’Etat à celui qui fut longtemps considéré comme son inconditionnel soutien. Gerard Collomb n’avait pu retenir ses larmes… de gratitude.

A la tête de son ministère, il est à l’initiative du vote d'une loi antiterroriste, critiquée par les défenseurs des libertés publiques  ainsi que du lancement d'une police de sécurité du quotidien qui ne convainc guère en interne, ou encore d’une réforme de l'asile et de l'immigration, elle aussi décriée.

En marge avant d'être en Marche, l’éternel outsider du PS avait attendu en vain que sa famille politique le récompense d'un poste au gouvernement… Il y a quelques années, j'avais l'ambition d'être ministre mais cela m'avait passé, confiait-il au printemps dernier…

A 71 ans, le baron lyonnais aux 40 ans de vie politique représente l’incarnation de l’ancien monde tant dénigré par LREM…Il a gravi patiemment l’une après l’autre es étapes d'une carrière où rien ne lui fut jamais acquis. Entré au conseil municipal de Lyon en 1977 (année de naissance d’Emmanuel Macron), Gérard Collomb, ex-professeur de lettres classiques, remporte en 2001 et après 3 échecs, la mairie de Lyon, bastion du centre et de la droite réputé imprenable ans ou il succède à Raymond Barre. Réélu 2 fois, Gérard Collomb va conduire pendant 16 ans, une politique urbaniste tournée vers le développement économique

En Emmanuel Macron, il a vu dès l'été 2015 à Léognan (33) en meeting avec l'aile droite du PS, l'incarnation nationale de son social-réformisme local. Puis en juin 2016, alors qu’il était encore ministre de l’Economie mais avait déjà lancé la République en Marche, le maire de Lyon lui déroule le tapis rouge de son Hôtel de Ville pour une rencontre avec les forces vives de la métropole…

Depuis fin juin 2018, cette réception est au cœur d'une enquête préliminaire de la police judiciaire pour détournements de fonds publics, après une plainte d'élus de droite.


En interne, Gérard Collomb est fustigé pour son élocution, ses gaffes ou ses nombreux voyages à Lyon… Qu'il soit là ou pas, c'est la même chose ! balance un syndicaliste policier. Le principe d'un retour définitif aux sources n'étonne personne mais le délai sidère tout le monde. Collomb n'a jamais su couper le cordon avec sa ville, affirme ex-un proche consterné. Difficile d’occulter également les effets secondaires de l'affaire Benalla, impliqués dans cette précipitation…