Benalla : une tempête dans un verre d'eau, estime Macron !

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A l’origine de l’affaire, une vidéo datant du 1er mai et publiée le 18 juillet par Le Monde, dans laquelle un chargé de mission auprès du chef de cabinet de la présidence de la République, frappe un manifestant dans une rue du Ve arrondissement à Paris.

Sur les images, filmées par un militant de la France insoumise, un homme identifié comme Alexandre Benalla, est coiffé d'un casque à visière des forces de l'ordre et d’un brassard de police. Il roue de coups un jeune homme à terre.

Les médias et l’opposition réclament des explications. Pourquoi un proche collaborateur du chef de l'État, fait-il preuve du tel excès de zèle envers les manifestants ??

La Gauche comme la Droite évoque une affaire d'État…

Lors d’une conférence de presse, Bruno Roger-Petit, porte-parole de la présidence, répond qu’à sa demande Alexandre Benalla avait été autorisé, à observer les opérations de maintien de l'ordre pour le 1er mai, sur un jour de repos. Mais ayant  outrepassé ses attributions autorisation, Alexandre Benalla a rapidement démis de ses fonctions en matière d'organisation de la sécurité des déplacements du président pour punir un comportement inacceptable et été sanctionné de 15 jours mise à pied avec suspension de salaire, a indiqué le porte parole. La sanction la plus grave jamais prononcée contre un chargé de mission travaillant à l'Élysée, a-t-il insisté. Un dernier avertissement avant licenciement, a indiqué Bruno Roger-Petit.

De même pour Vincent Crase, gendarme réserviste et employé de LREM, également mis en cause pour agissement violent : 15 jours de mise à pied de avec suspension de salaire et fin de toute collaboration entre lui et la présidence de la République.

Cependant, alors que les Bleus paradaient sur les Champs-Élysées avant d'être reçus au palais présidentiel par Emmanuel Macron, Alexandre Benalla, serait monté le 16 juillet dans le bus de l'équipe de France de football, sacrée la veille championne du monde en Russie.

Barbouzes ?

Le 20 juillet, l'Élysée a finalement, annoncé avoir engagé une procédure de licenciement à l’encontre d'Alexandre Benalla, car celui-ci, aux fins de prouver son innocence, (...) aurait été destinataire d'un document de la préfecture de police qu'il n'était pas autorisé à détenir… Soit, des faits nouveaux constitutifs d'une faute commise et faisant l'objet d'une procédure judiciaire. Selon le code pénal, le procureur de la République aurait dû être saisi pour ces faits mais aucun membre de l'exécutif ne l'a fait…

L'opposition estime donc que le pouvoir a cherché à étouffer l'affaire.

Face aux critiques, l’Élysée finira par lâcher Benalla. Il est licencié, placé en garde en vue puis déféré pour être présenté à un juge d’instruction a déclaré le parquet qui a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire pour violences par personne chargée d'une mission de service public. Ces faits seraient passibles de 3 ans de prison et 45 000 € d'amende. De plus l’usurpation de fonctions et de signes réservés à l'autorité publique (article 433-14 du Code pénal), sont passibles respectivement de 3 ans et 1 an de prison, et 45 000 et 15 000 € d'amende.

Les investigations ont été confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) ainsi qu'à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).

Le domicile d'Alexandre Benalla, à Issy-les-Moulineaux (92), a été perquisitionné. Selon la préfecture de police, des images ont été indûment communiquées à un tiers, le 18 juillet. Justement le soir où cette affaire a été révélée par Le Monde…

Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, a condamné lourdement ces agissements. Les fonctionnaires ont été suspendus à titre conservatoire. Les 3 policiers ont été placés en garde à vue pour détournement d'images issues d'un système de vidéo-protection et violation du secret professionnel, selon le parquet. Des députés de l’opposition ont accusé Gérard Collomb de mensonges. Selon eux le ministre était fatalement au courant de l'agression dès le 2 mai. Gérard Collomb a été auditionné publiquement par la commission des Lois de l'Assemblée nationale dotée des pouvoirs d'enquête et également par les sénateurs qui entendent également faire la lumière sur les conditions dans lesquelles il a participé aux opérations des forces de l'ordre, avec casque et brassard de police, lors des manifestations du 1er-Mai, à Paris.

Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise a affirmé que l'affaire Benalla est du niveau du Watergate et qu'Emmanuel Macron devrait assumer ses responsabilitésalt

Pour sa part, le président attendra près d’une semaine pour s’exprimer à ce sujet…

Lors d'un déplacement à Périgueux (33), il s’était contenté de répondre : Non, non, elle est inaltérable, à un journaliste qui lui demandait si la République était entachée par cette polémique ! 

A Bagnères-de-Bigorre (64),  le président a déclaré ce 25 juillet : Je suis fier d’avoir embauché Alexandre Benala C’était quelqu'un de dévoué, avec un parcours différent, a-t-il souligné ... Il a fait plein de choses très bien et une faute… Arrêtez de vous exciter comme ça ! Vous avez envie de voir du sang et des larmes en plein cœur de l’été, a encore lancé Emmanuel Macron invectivant des journalistes de BFMTV et CNEWS … Tandis qu’une perquisition avait lieu dans l'Élysée où les enquêteurs sont restés plusieurs heures dans le bureau d'Alexandre Benalla en présence de l'intéressé, le chef de l’État a ensuite tenu à démentir informations et rumeurs : Alexandre Benalla n'a jamais détenu de codes nucléaires, Alexandre Benalla n'a jamais occupé à un 300 m² à l'Alma, Alexandre Benalla n'a jamais gagné 10 000 euros, Alexandre Benalla n'a jamais été mon amant. Alexandre Benalla, bagagiste d'un jour, n'a jamais occupé cette fonction dans la durée. Toutes ces choses entendues... Tout et n'importe quoi ! Sans que ça les fasse rougir ou s'interroger sur eux-mêmes. Qu'ils soient parlementaires, commentateurs ou journalistes... Des fadaises !

Quoiqu’il en soit, cette prise de parole présidentielle n'a calmé ni à Gauche, ni à Droite : Emmanuel Macron a joué le matamore…bien protégé au milieu de ses amis ! a fustigé, Alexis Corbière, député LFI. Le chef de l'État doit s'exprimer devant les Français et pas dans l'entre-soi d'En Marche, a réclamé Gérard Larcher, président du Sénat (LR).

Convoqué, Alexis Kohler, Secrétaire général de l'Elysée, le plus proche collaborateur du président, est entendu au Sénat, ce 26 juillet. Selon Yaël Braun-Pivet, présidente de la commission des Lois, (LREM)il est inutile d'auditionner d'autres membres du cabinet du président de la République et du ministre de l'Intérieur, comme le réclame l'opposition.

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Né en septembre 1991, il est réserviste de la gendarmerie depuis 2009. Il n'a été appelé sur aucune mission depuis 2015. Responsable de la sécurité de la campagne du candidat Emmanuel Macron en 2017, Alexandre Benalla est devenu chargé de mission et adjoint de François-Xavier Lauch, le chef de cabinet du président après l’élection. Il était notamment chargé d’accompagner le chef de l’Etat dans ses nombreux déplacements officiels ou privés. D'après Le Monde, il était logé depuis le 9 juillet dans une dépendance de l'Elysée, située quai Branly où logent plusieurs collaborateurs de la présidence. 

Auparavant, il avait notamment assuré la protection de Martine Aubry lors des primaires du PS en 2011. Il avait aussi été membre du service d'ordre de François Hollande durant la campagne de 2012. Puis il avait travaillé pour Arnaud Montebourg lorsqu’il était ministre du Redressement productif, Je m'en suis séparé au bout d'une semaine après une faute professionnelle : il avait provoqué un accident de voiture en ma présence et voulait prendre la fuite, a déclaré Arnaud Montebourg au Monde.

Plusieurs journalistes de l'AFP ou de Public Sénat, se ont témoigné de son comportement violent lors de la campagne de 2017. De même que des Jeunes Communistes de Bobigny et Drancy qui ont subi ses débordements de force lors d'un rassemblement en 2016. Un de nos camarades a été frappé après avoir été trainé à l'écart, ont-ils rapporté dans un communiqué.