Pakistan : Asia Bibi, libérée mais ennemie publique !

Après avoir passé 8 ans dans les couloirs de la mort pour blasphème, la Pakistanaise chrétienne Asia Bibi a été libérée de prison après son acquittement par la Cour suprême, ce 7 novembre.

Selon Muhammad Faisal, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, désormais transférée dans un endroit sûr, elle serait toujours au Pakistan… Condamnée à mort en 2010, Asia Bibi, est considérée comme en grave danger dans son pays.

L'annonce de sa libération a immédiatement provoqué la fureur des islamistes extrémistes radicaux qui rejettent son acquittement prononcé par la justice et exigent son exécution à grand cris : Hang Asia ! (Pendez Asia !) clament-ils jusque dans les rues de Karachi où 10 000 protestataires ont défilé.

Nous pouvons sacrifier nos vies mais nous ne ferons jamais de compromis sur l'honneur du prophète, a vitupéré l’un d’eux à la tribune. D'autres manifestations sont prévues ce vendredi, jour de prière… Sa famille a sollicité l'aide de plusieurs états occidentaux où le sort d’Asia Bibi a déjà mobilisé des milliers de personnes.

#AsiaBibi

Je remercie les autorités pakistanaises, avait auparavant tweeté Antonio Tajanin, président du Parlement européen, ajoutant l'attendre dès que possible à Bruxelles.

Le 3 novembre, dans un message vidéo, Ashiq Masih, le mari d'Asia Bibi, a réclamé l'asile pour sa famille aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou au Canada. J

e demande au président Donald Trump de faire de son mieux, Je demande à la Première ministre britannique, à Justin Trudeau de nous aider à partir… a-t-il sollicité. Une autre vidéo d’Ashiq Masih a été mise en ligne par Aiuto alla chiesa che soffre, association catholique italienne. Matteo Salvini, le ministre italien de l'Intérieur a tweeté qu'il ferait tout ce qu'il est humainement possible pour garantir un avenir à Asia Bibi. De son côté, la France étudie avec ses partenaires européens et internationaux sous quelle forme elle pourrait l'aider ou l'accueillir, a fait savoir Marlène Schiappa, secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes.

Le TLP (Tehreek-e-Labaik Pakistan), parti religieux réputé pour être particulièrement stricte concernant le blasphème, est au cœur de la vague de protestation. Le Pakistan a été paralysé pendant 3 jours… ce qui a contraint le gouvernement à signer un compromis : l'exécutif s'est ainsi engagé à lancer une procédure visant à interdire à Asia Bibi de quitter le territoire et à ne pas s'opposer à un recours contre le verdict déposé par un religieux. Je vais dire à tous ceux qui aiment le prophète qu'ils doivent rester en alerte. Si la promesse n'est pas tenue et qu'Asia Bibi est envoyée à l'étranger, alors si Allah le veut, un mouvement décisif commencera, a pour sa part mis en garde Pir Muhammad Afzal Qadri, un des chefs du TLP. Et l’accord controversé a valu au gouvernement de vives accusations de reddition face aux extrémistesPas une seule goutte de sang n'a été versée et le sit-in s'est achevé par des négociations pacifiques, a justifié devant le Parlement Shehryar Khan Afridi, secrétaire d'État à l'Intérieur. Mais de nombreux observateurs ont comparé la situation présente à un autre bras-de-fer sur le blasphème, toujours entre le TLP et le gouvernement, en novembre 2017. Il s'était soldé par la démission forcée d'un ministre et plusieurs morts lors d'affrontements entre manifestants et la police.