Kevin Ortega : coiffeur au grand cœur, il a fondé Coiff in the street

Depuis un an, Kévin Ortega jeune coiffeur d'Aubagne coiffe les personnes sans-abri.

Il a a 29 ans, l’accent qui chante, un beau sourire, et une barbe brune impeccablement taillée. Il habite Aubag

ne et travaille dans un salon de Marseille où les coiffeurs portent tous un nœud papillon.

Quand il était petit, Kévin Ortega rêvait surtout de devenir pompier. Ceci dit, les coiffeurs, quand la coupe est réussie, sont parfois sauveteurs : ils rassurent, consolent et sauvent la mise…

Kévin Ortega a été un bébé confié à l’âge de quelques semaines par les services sociaux à une famille d’adoption Des sœurs, une maman polonaise et un papa pied-noir, dont il dit qu’ils ont été des parents exemplaires… Et eux-mêmes considèrent qu’ils ont bien élevé leur fils,  puisqu’à son tour il donne l’exemple…

Grâce à ses ciseaux, Kévin Ortega apporte de la chaleur humaine à celles et ceux qui n’en ont plus. Avec lui... ils disent qu’ils retrouvent un peu de leur dignité. Parce que Kévin leur parle. Il prend soin d’eux comme on le ferait dans un salon de coiffure même si cela se passe dans l’air de la rue… Là où vivent Jérôme, Patrick, Vladimir, Sylvie, Suzanne, Nathalie, Poguy… qui ont baptisé Kevin coiffeur au grand cœur.

 Il va vers eux lors de maraudes à Marseille, Aubagne, La Ciotat, Toulon, Aix, Avignon… et  propose une coupe. Celle qu’ils veulent. C’est gratuit !

Certains se méfient de cette sollicitude étrange et refusent. Mais le plus souvent, ils acceptent, touchés. Alors Kévin s’installe sur un trottoir, branche parfois une rallonge chez un commerçant puis fait son travail ! Ce n’est pas un détail : bien coiffé, on est plus à l’aise pour s’adresser aux autres, à un éventuel employeur.

Initiative solidaire pas solitaire.

Sur son tee-shirt, le jeune coiffeur, a inscrit Le don de soi n’a pas de prix… C’est en voyant la vidéo d’un collègue qui coiffe les sans-abris a dans les rues de Londres, Kévin s’est dit : moi aussi, je vais le faire… Généreux, il a fait du bénévolat aux Restos du Cœur pendant 10 ans. Désormais, s’il coiffe ou rase les plus démunis dehors, c’est aussi pour tenter de changer le regard des passants. Leur dire : Vous voyez, il n’y a pas de crainte à avoir… Kévin sait que tout le monde peut se retrouver à la rue : lui-même a vécu dans sa voiture quelques temps…

Un jour, quand il a tendu son miroir une fois la coupe terminée, un sans-abri s’est écrié en se regardant Kévin, tu es tombé du ciel !  Je ne sais pas d’où il est tombé mais c’est un garçon merveilleux !, conclut Frédéric Pommier de France Inter.

Kévin a lancé Coiff in the street , un mouvement rejoint par une quinzaine de coiffeurs à Toulon, Toulouse, à Paris, Narbonne où Anissia Sadaou, 30 ans, se déplace aux Halles ou devant la Poste avec sa tondeuse, un tabouret, un peignoir et offre des coupes simples et rapides pour satisfaire tout le monde A Annecy, c’est Charline Pires, 21 ans, qui arpente le centre-ville lors de ses jours de repos pour proposer ses services. 

Ça ne plait pas à tout le monde. Des commerçants se sont plaints… Des policiers lui ont même demandé d’arrêter de couper les cheveux en public et de ne pas salir la rue. Pourtant Charline installe son mini salon ambulant sur une bâche plastique pour tout nettoyer à la fin… Alors elle a continuer. Et la gratitude s’exprime avec émotion partagée : longs remerciements, accolades, embrassades, de l’émotion, de l’amitié… Parfois même des larmes de joie… Une leçon d’humanité contre l’indifférence.