Mulhouse : un Magasin pour Rien !

Créer du lien, afin de démontrer que le lien est plus important que le bien…

Cette ambition simple et pleine de bon sens, soutenue par la Maison de la Citoyenneté Mondiale, est à l'origine de la naissance du Magasin pour Rien, 103, rue Vauban à Mulhouse*

Vous y trouverez vaisselle, bibelots, peluches, mais également des livres, CD, vidéos… Les éléments électriques partent très vite, comptez sur votre bonne étoile ou passez régulièrement. Comme prévu, le magasin a tendance à se remplir et ne peut pas tout accueillir : les vêtements sont redirigés vers Bouge ta galère, la Maison familiale du quartier..., les meubles vers SOS Meuble.

Chacun est libre d’y amener les objets en bon état, dont il n’a plus l’usage mais qui peuvent encore servir à d’autres.

Réceptionnés, nettoyés, inventoriés, stockés, ils dont mis sur les étagères, disponibles gratuitement pour celles et ceux qui passent dans le Magasin pour Rien.

Un même visiteur a le droit de choisir d'emporter jusqu’à 3 objets. Sans Rien Payer ! Sans aucune contre-partie. Personne n’a besoin de se justifier. De prouver des revenus situés sous le seuil de pauvreté. Pauvres, moins pauvres, plus riches… Il n’y a pas de tricheurs. On ne dit plus des précaires qu' ils bouffent à tous les râteliers puisqu'ici, les râteliers sont ouverts à tous…

Nous refusons la charité où l’on se penche sur le malheur des autres. Nous voulons nous mettre à la hauteur de l’autre, des autres, de tous les autres.

Ceci précisé, rien n’empêche celles et ceux qui en ont les moyens et qui le souhaitent, de mettre une contribution dans la tirelire solidaire, pour participer aux frais de location du local et de fonctionnement du lieu. Une possibilité offerte, ouverte, non une obligation.

Depuis son ouverture le 25 novembre 2009, le magasin pour Rien de Mulhouse est tenu par une femme pleine d’humour, embauchée grâce à un contrat aidé à mi temps. Quelques bénévoles aident en cas de besoin. Il ouvre 4 fois par semaine et reçoit entre 5 et 25 personnes par demi journée d'ouverture. Les personnes en difficulté financière ont connu le magasin par le bouche à oreille ou les réseaux sociaux. D'autres viennent en curieux, vérifier sur place l'incroyable info, vue dans les médias. Beaucoup deviennent des habitués. Et cela fonctionne. Même si les vieux principes résistent encore un peu : des personnes ont du mal à croire qu’elles peuvent venir les mains vides, que ce soit vraiment gratuit… ! Certains se sont même fait prendre en train de voler… dans un magasin où tout est gratuit mais limité en nombre d’objets : Vous voulez plus que 3 objets ? Revenez demain… Si vous ne pouvez pas revenir demain, demandez moi gentiment, je vous autoriserai à en prendre aujourd’hui quelques-un en plus, toujours gratuitement…

Fraternité, Solidarité et gratuité progressent !

Malgré les augures négatifs et les haros : C’est hallucinant, irréaliste, illogique ! La gratuité n’existe pas ! Chaque objet a une juste valeur !!

Est-il plus censé d'accepter comme une fatalité que les 358 personnes les plus riches du monde possèdent autant que les 2,3 milliards les plus pauvres !??

Dans un monde où les uns gèrent le superflu tandis que d’autres vivent dans la pauvreté et l’exclusion, un petit groupe d’hommes et de femmes ont décidé de démontrer que nous vivons dans une société d’abondance, où la rareté est pure invention d’un système destiné à provoquer le vain désir de consommation à outrance. Ils ont dit NON ! Jetza langts mer han jetz d’nasa voll ! en alsacien. Traduction : Ça suffit, on en a plein le nez !

UTOPIE, ont dénoncé certains ! UTOPIE RéALISTE, ont-ils répondu…

Le pari est devenu un projet à force d’y croire… puis de Faire, au lieu d’en… parler. Un projet réalisé, tous les jours, avec celles et ceux qui se sentent motivés, intéressés, interpellés, par cette démarche et s’y associent… Riches ou pauvres, noirs, basanés ou blancs, peu importe !

À terme, cela nous donnera peut-être l’occasion de constater que sur cette terre, on peut, si on veut : vivre ensemble, apprendre à nous enrichir de nos diversités.