Algérie : Abdelaziz Bouteflika renonce à briguer un 5 e mandat mais la présidentielle est… reportée.

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Abdelaziz Bouteflika a fini par annoncer sa décision de ne pas se représenter. L’élection du 18 avril est reportée à une date… ultérieure et inconnue.

Au pouvoir depuis 1999 et confronté depuis le 22 février à un mouvement de protestation sans précédent le président algérien a déclaré qu’il n’y aurait pas de 5e mandat !

Il s’agit ainsi de satisfaire une demande pressante que vous avez été nombreux à m’adresser, a indiqué le chef de l’Etat. Âgé de 82 ans, et affaibli depuis 2013 par les séquelles d'un AVC,  il était rentré la veille rentré d’un séjour de 2 semaines dans un hôpital suisse, tandis que dans le pays comme parmi la diaspora à l’étranger, les manifestations contre sa nouvelle candidature…

Il n’en a jamais été question pour moi… Mon état de santé et mon âge ne m’assignant comme ultime devoir envers le peuple algérien que la contribution à l’assise des fondations d’une nouvelle République que nous appelons de tous nos vœux, a-t-ilaffirmé le chef de l’Etat.

Dans son message à la nation, publié par l'agence officielle APS, Abdelaziz Bouteflika précise que la présidentielle aura lieu dans le prolongement d'une conférence nationale, chargée de réformer le système politique et d'élaborer pour fin 2019*, un projet de Constitution, soumis à un référendum populaire

Je m’engage enfin, si Dieu m’accorde vie et assistance, à remettre les charges et les prérogatives de Président de la République au successeur que le peuple algérien aura librement élu, a-t-il conclu.

Un renoncement ? Non, une prolongation !

Peu après l'annonce du retrait de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika, le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, a présenté sa démission. Noureddine Bedoui, ministre de l'Intérieur a été nommé Premier ministre et chargé de former un nouveau gouvernement. Ramtane Lamamra a été nommé vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères.

Au lendemain des grandes manifestations, qui se sont déroulées dans le calme et la dignité à travers toute l'Algérie, la France exprime l'espoir qu'une nouvelle dynamique à même de répondre aux aspirations profondes du peuple algérien puisse s'engager rapidement,  a déclaré Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères pour saluer la décision de renoncer à un 5e mandat ainsi que le fait de prendre des mesures pour rénover le système politique algérien.

En début de soirée, de nombreux klaxons commençaient à résonner dans le centre d'Alger : les annonces d’Abdelaziz Bouteflika ont laissé la population abasourdie !

Les Algériens sont sceptiques, ils attendent de digérer ces informations, commente sur place la correspondante de France 24. D’un côté, c’est une victoire car il y a eu une réponse du gouvernement, et le renoncement à ce 5e mandat était la revendication première du mouvement. Mais le peuple réclame désormais le départ du système, explique-t-elle. Une demande à laquelle le gouvernement algérien semble loin d’avoir accédé, souligne-t-elle.

Si le renoncement du président à se représenter est vécu comme une victoire, le report de l'élection est, lui, source d’inquiétude… puisqu’il correspond de fait à un prolongement du 4e mandat !


*Mais le 4e  du président sortant  expire le 28 avril 2019…