Arabie saoudite : au moins 20 femmes élues aux municipales

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Au moins 20 femmes ont été élues aux élections municipales organisées samedi en Arabie Saoudite.

Un scrutin historique puisque c'était la première fois que les femmes avaient le droit de voter et de se porter candidates.

Dans ce pays ultraconservateur, l’un des plus restrictifs sur le Droit des femmes et le dernier au monde à dénier le moindre droit politique à ses concitoyennes.

130 000 femmes se sont inscrites sur les listes électorales, 10 fois moins que les hommes…  6 440 candidats et seulement 900 candidates pour 2106 sièges à pourvoir.

Certaines avaient les larmes aux yeux à l’annonce des résultats. Même s'il n'y en avait eu qu'une, nous aurions été fières, a déclaré Sahar Hassan Nassif, militante féministe de la région de Jeddah. Franchement, nous n'attendions aucune victoire, a-t-elle insisté tandis que la plus haute autorité religieuse veillant sur une stricte application de la Charia, le grand mufti, estimait que ce vote ouvrait la porte au diable.


Cette élection municipale ne va rien changer…

Personne ne sait encore très bien à quoi servent exactement les 284 conseils municipaux puisque le pouvoir des municipalités se résume aux questions d’infrastructures (les routes). Et il est essentiellement consultatif. Mais, c’est la seule institution dont la plupart des membres sont élus depuis 10 ans, et non pas nommés. Désormais, quelques femmes (moins de 1% des élus) y seront associées…

Surmonter de nombreux obstacles pour participer à ces élections

Les candidates ont fait leur discours de campagne derrière un paravent. Jamais, elle n’ont pu rencontrer les électeurs masculins. La ségrégation des sexes était aussi de mise jusque dans les bureaux de vote. Pour aller voter, elles n'ont eu d'autre choix que d'être emmenées par un membre masculin de leur famille. Et si certaines femmes ont posté leur photo à visage découvert le jour du scrutin, elles étaient dans les rues, voilées et vêtues de la traditionnelle abaya noire, en très grande majorité.

La monarchie et les familles princières gardent la main sur presque tout.

Cette élection n’aurait pas pu se tenir sans l’approbation des plus hautes autorités du royaume, une monarchie absolue où rien ne peut se décider sans l’aval du roi. Que ce soit en matière de discrimination ou de droits humains, le roi Salman n’a pas montré beaucoup de signes d’ouverture…  ex: condamnation du bloggeur Raif Badawi à 1000 coups de fouets. Le droit de vote des femmes était une décision de son prédécesseur prise en 2011. Lors des printemps arabes, le roi Abdallah, avait d’ailleurs nommé une trentaine de femmes au conseil de la Choura, sorte parlement. Sensible à l’image renvoyée à l’extérieur, le  nouveau roi, , a jugé visiblement utile de s’y tenir… Pour donner quelques gages de modernité à ses clients partenaires commerciaux, occidentaux ou pas. De plus, 70% de la population saoudienne a moins de 30 ans. La jeunesse ne se reconnaît plus dans cet obscurantisme.

Les femmes sont encore soumises à de nombreuses restrictions :

Une saoudienne ne peut pratiquement rien faire seule. Elle a besoin d’un tuteur masculin : mari, père ou un frère pour voyager, travailler, étudier, et même pour consulter un médecin. Elle n’a pas le droit de conduire.

Elle doit, généralement, supporter en plus la polygamie, et/ou d’être battue, sans disposer de moyens sérieux de recours, puisque son époux a pratiquement tous les droits. Notamment celui de la faire lapider… en cas d’adultère.