Condé-sur-Sarthe : agression au couteau de 2 surveillants par un détenu

Ce 5 mars vers 9h30 à la prison d'Alençon-Condé-sur-Sarthe, un détenu a attaqué 2 surveillants avec un couteau en céramique en criant Allah Akbar.

C'est vraiment une tentative d'assassinat, a indiqué un surveillant du syndicat FO-pénitentiaire.

Il y avait du sang partout, a-t-il témoigné.

Ce détenu était fiché FSPRT (fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste). Il a prétendu vouloir venger Cherif Chekatt, l’auteur de l’attentat de Strasbourg.

Le caractère terroriste  de l’agression ne fait aucun doute, a assuré Nicole Belloubet, la ministre de la Justice.

La section antiterroriste du parquet de Paris a donc été saisie, et Rémy Heitz, le procureur de Paris s'est rendu sur place. L'enquête a été confiée à la sous-direction de l'antiterrorisme (Sdat).

L’homme se trouvait avec son épouse dans une (UVF), unité de vie familiale. Prétextant être enceinte, la femme a simulé un malaise pour faire venir un agent pénitentiaire. Selon France Télévisions, c'est elle qui aurait donné le premier coup de couteau au surveillant. Ils se sont retranchés pendant une dizaine d'heures, jusqu'à l'assaut du Raid dans la soirée. Selon le parquet de Paris, l’assaillant a ensuite été hospitalisé pour de blessures sans gravité. La femme, grièvement touchée, a succombé à ses blessures. L’un des surveillants, poignardé à l'intestin et au rein, a été opéré. Son état était qualifié de rassurant par les médecins. Son collègue avait des morceaux de lame dans l'omoplate et la mâchoire.

Michaël Chiolo, âgé de 27 ans, était un détenu de droit commun, placé au regard de ses antécédents dans l'un des établissements les plus sécuritaires du pays, a indiqué la ministre de la Justice.

Les 2 surveillants ont subi une attaque terrible, a encore déclaré Nicole Belloubet. Mais je suis heureuse de savoir qu’ils ne sont pas en danger, a-t-elle ajouté.

Se demandant si toutes les ressources du renseignement pénitentiaire avaient bien été mobilisées et si les surveillants venus rejoindre le détenu étaient parfaitement équipés, Nicole Belloubet a reconnu qu’il faudrait tirer toutes les conséquences de cette attaque.

Et notamment déterminer comment l'homme a pu se procurer un couteau ! La ministre ayant exclu que l’ustensile ait pu se trouver parmi le matériel de cuisine disponible dans UVF, elle a suggéré qu’il ait pu être apporté par la femme puisque les portiques de sécurité ne détectent pas les objets en céramique…

Le passé judiciaire de l'assaillant

Arrivé dans l'établissement en mars 2017, Michaël Chiolo purgeait une peine de 30 ans de réclusion criminelle pour arrestation, enlèvement, séquestration suivie de mort et vol avec arme.

Avec un complice, ils avaient été condamnés en décembre 2015 en appel à Nancy pour avoir étouffé un homme de 89 ans, après l'avoir séquestré et momifié.

Le 17 avril 2012 les deux hommes s'étaient rendus au domicile de Roger Tarall, à Montigny-lès-Metz, pour le cambrioler.

Sur son lit, le vieil homme avait été ligoté et bâillonné, son visage emballé dans des bandes médicales, tandis que les voleurs procédaient à la fouille de son appartement. Le corps de la victime, morte par asphyxie, avait été découvert le lendemain sur son lit.

En novembre 2015, alors qu'il était incarcéré à Mulhouse dans l'attente de son jugement en appel, Michaël Chiolo avait été condamné à un an de prison ferme pour apologie du terrorisme.

Il avait demandé à ses codétenus de rejouer l'attaque du Bataclan dans la cour de la maison d'arrêt. Des surveillants ont rapportés ses propos à un codétenu : Après Paris, j'aurais continué en province… aurait-il lancé. Converti à l'islam, il se serait radicalisé en prison.


*UVF : sorte de parloir amélioré ressemblant à un petit appartement avec coin-cuisine, où les détenus peuvent passer entre 6 et 72 h avec leur famille.